En 2013, PSA va encore consommer 4 millions d'euros de cash par jour

Non, PSA  peugeot Citroën n\'est pas au bord du gouffre, malgré une perte historique dans l\'automobile européenne. Souriant, pondéré, s\'efforçant d\'avoir l\'air détendu, Philippe Varin s\'était visiblement donné pour mission de rassurer, lors de la présentation des résultats financiers. Malmené, voire vilipendé, par les politiques, les syndicats, les médias pour son plan de restructuration en juillet dernier, en butte au scepticisme de maints experts pour son alliance controversée avec GM, sous le feu des déclarations souvent contradictoires des ministres sur une aide des pouvoirs publics, le président du directoire de PSA s\'affichait en grand patron serein et sûr de lui, qui maintient le cap au milieu de la tempête.Bases solides?\"Nous sommes prêts pour bâtir notre redressement sur des bases solides\", a-t-il martelé, en présence de Thierry Peugeot, président du conseil de surveillance du groupe. Un Thierry Peugeot qui se voulait tout aussi rassurant, puisque, à une question sur le prochain renouvellement du mandat de Philippe Varin, il a répliqué : \"la priorité est à la stabilité du groupe\".  Fini donc officiellement les querelles intestines, les doutes, les exaspérations! Non, cette fois, c\'est  tous unis vers un seul but... PSA se dit ainsi prêt pour le \"rebond 2015\". Visiblement, la Bourse de Paris a approuvé, puisque le titre Peugeot SA prenait 6,20% en début d\'après-midi.  Tout cela est-il crédible?Perte de plus de 5 milliardsLogique en tous cas que Philippe Varin se soit concentré sur l\'avenir. Car le présent n\'est pas rose. Le constructeur automobile français, qui a prévu de supprimer 11.000 postes entre 2011et 2014 en France (sur un total de 91.000) et de fermer son usine d\'Aulnay-sous-Bois en 2014, a affiché en effet au titre de 2012 une perte nette de 5,01 milliards d\'euros (dont 4,19 milliards pour le second semestre), contre un bénéfice de 588 millions l\'année précédente. Celle-ci inclut des dépréciations d\'actifs massives, annoncées la semaine dernière à hauteur de 4,7 milliards. Le groupe a aussi vu son résultat opérationnel courant plonger dans le rouge de 576 millions (contre un bénéfice de 1,09 milliard en 2011). Dans la seule division automobile, PSA affiche un déficit opérationnel de 1,5 milliard, soit une marge négative de 3,9%. Les ventes mondiales du groupe avaient chuté l\'an dernier de 8,8% à 2,82 millions pour les véhicules montés. Si l\'on intègre les modèles vendus en pièces détachées à Iran Khodro (Iran), le plongeon était encore plus spectaculaire: -16,5% à 2,96 millions.Réduction de coûtsLe constructeur argue toutefois qu\'il a atteint ou dépassé les objectifs fixés pour 2012, avec une réduction de coûts de 1,2 milliard d\'euros, des ventes d\'actifs pour 2 milliards (cessions Immobilières pour 634 millions, vente de la filiale logistique Gefco pour 897 millions, de la filiale de location Citer pour 448 millions) et une baisse des stocks en fin d\'année. La dette nette, encore très lourde à 3,15 milliards d\'euros, a été aussi réduite de 211 millions. Le groupe affirme par ailleurs disposer d\'une sécurité financière de 10,6 milliards d\'euros, dont 2,4 milliards de lignes de crédit non tirées (hors filiale Faurecia).Pas d\'aide d\'EtatRejetant farouchement l\'idée d\'une aide publique de l\'Etat., Philippe Varin a affirmé vouloir \"rétablir la rentabilité de la division automobile en Europe en 2015\". En attendant, pour 2013, le groupe vise la division par deux de la consommation de cash opérationnel (3 milliards d\'euros l\'an dernier), ce qui la ramènerait quand même à 1,5 milliard, soit 4 millions par jour! Le patron de PSA  confirme un objectif de retour à l\'équilibre fin 2014.Meilleure utilisation des investissementsPour y parvenir, le  constructeur vise notamment une meilleure utilisation des investissements. Grâce à une internationalisation accrue, il compte doubler le nombre d\'unités annuelles par modèles à 100.000 d\'ici à 2018, contre 50.000 aujourd\'hui, une réduction de trois à deux du nombre de plates-formes de coeur de gamme avec un volume de production de 1,8 millions de véhicules par plate-forme par an (contre 900.000 aujourd\'hui). De quoi réaliser des économies d\'échelle et atteindre les tailles dites critiques. Enfin, Philippe Varin a réaffirmé que les économies d\'échelle réalisées à travers l\'alliance avec GM atteindraient 2 milliards de dollars par an à terme...Handicap des coûts françaisDes objectifs ambitieux et cohérents. Reste  cependant à les réaliser. Pour cela,  le constructeur doit accélérer une internationalisation très insuffisante, mieux différencier ses marques Citroën et Peugeot aujourd\'hui en concurrence frontale et convaincre le marché de la qualité et la pertinence de son offre produits. A cet égard, les lancements cette année du nouveau monospace C4 Picasso puis de la berline compacte Peugeot 308 sur la fameuse plate-forme modulaire \"EMP2\" seront décisifs. PSA doit aussi améliorer d\'urgence sa compétitivité dans les usines tricolores. Philippe Varin a reconnu ce mercredi que la différence de prix de revient  entre une Peugeot 208 produite en France et son homologue fabriquée en Slovaquie... atteignait 700 euros. PSA a  les ressources humaines pour rebondir. Mais, face aux milliards d\'investissements du groupe Volkswagen ou de Hyundai-Kia, concentré sur les modèles petits et compacts à faibles marges, encore peu présent sur les marchés émergents à forte croissance, PSA a de sacrés handicaps. Il est vrai néanmoins que le groupe a connu des rebonds spectaculaires dans son histoire, comme au début des années 80 alors qu\'il était au plus mal.   
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.