L'imprimeur Jouve renaît grâce au livre numérique

Par latribune.fr  |   |  541  mots
À bientôt 110 ans, la société Jouve affiche un bel optimisme pour son avenir. Imprimeur de naissance, le groupe n'a cessé de se diversifier au fil des temps pour devenir le leader de la numérisation et de la diffusion des contenus à échelle industrielle. Depuis quelques années déjà, il suit de très près l'évolution du marché du livre numérique qui pèse à peine 1 % du marché du livre en 2010 (5 % au États-Unis) mais qui devrait connaître une très forte croissance dès 2011. En 2007, alors que le livre numérique fait ses premiers pas dans une quasi-indifférence, Jouve fait tomber dans son escarcelle l'américain Publishing Dimensions. Aujourd'hui, il est le numéro un de la conversion e-book en Europe et aux États-Unis avec une part de marché de près 50 %. « Nous sommes l'usine à e-book du monde car nous pouvons convertir les fichiers numériques de livres au format epub, le format standard utilisé par tous les lecteurs, du Kindle d'Amazon au Reader de Sony en passant par le Cybook du français Bookeen et l'iPad d'Apple », explique le PDG de Jouve, Pierre- Vincent Debatte. Impression à la demandePour la tablette iPad, Hachette Livre lui a confié la conversion de près de 5.000 ouvrages. « Notre force est de pouvoir répondre à la demande d'un éditeur très rapidement », insiste le président de Jouve pour qui ce savoir-faire leur a permis par exemple de signer un contrat sur près de 40.000 ouvrages avec le libraire américain Barnes & Noble qui vient de sortir sa tablette de lecture Nook.Avec la révolution numérique, Jouve croit aussi beaucoup au marché de l'impression à la demande. Un accord a été signé avec le site américain d'autoédition Lulu.com. Selon Pierre-Vincent Debatte, l'impression à la demande va changer la vie des petits éditeurs : « Elle va réduire considérablement leur prise de risque car elle permet d'imprimer en petite quantité, donc de faire des économies de stockage et une baisse des invendus. » Au printemps, Jouve a racheté son concurrent français Safig, société spécialisée dans la dématérialisation documentaire pour les marchés bancaires, d'assurances et de santé, et également pour les fonds d'archives patrimoniales. Jouve devient numéro un de la numérisation patrimoniale en France et est le principal prestataire de la Bibliothèque nationale de France. Financièrement, Jouve assure pouvoir compter sur des fonds propres à 50 millions d'euros et une trésorerie de plus de 10 millions d'euros. Il a connu une année difficile en 2009 en raison de la grave crise qui touche le secteur de l'imprimerie. Son métier historique qui pèse pour un quart de son activité, a vu son résultat chuter de 25 %. C'est l'année où Pierre-Vincent Debatte s'est vu confier les rênes de Jouve et où il a trouvé « une belle endormie ». Mais « la logique industrielle primant sur la logique financière » pour la famille Verger, propriétaire historique, les moyens ont été donnés pour transformer les imprimeries offset vers le numérique. Le groupe qui emploie près de 3.000 personnes table sur un chiffre d'affaire de 145 millions d'euros en 2010, grâce au rachat de Safig, contre 95 millions d'euros en 2009. Sandrine Bajo