Pékin pousse ses pions en vue du G20

Par latribune.fr  |   |  521  mots
Lors du prochain sommet du G20 à Séoul (Corée du Sud) en novembre, les pays asiatiques, Chine en tête, ont l'intention de pousser plus avant les réformes de la gouvernance mondiale, et ne pas se laisser enfermer dans le débat sur le yuan qui préoccupe tant les économies développées (voir ci-dessous). Ils souhaitent que la voix des « 90 % des pays non représentés au G20 », selon l'expression du ministre chinois des Affaires étrangères, Cui Tiankai, soit davantage écoutée. Lors d'un débat organisé lundi par le World Economic Forum à Tianjin, le « Davos chinois », Cui Tiankai et son compatriote Zhu Min, conseiller spécial de Dominique Strauss-Kahn au Fonds monétaire international (FMI), ont insisté sur la nécessité d'avoir une meilleure représentation des pays asiatiques et africains tant au G20 qu'au FMI. Selon eux, non seulement leurs modèles de croissance ont prouvé leur efficacité durant la crise, mais c'est surtout toute la philosophie occidentale et l'approche de l'économie de marché qu'il faut repenser. « Il est important pour le G20 d'apprendre des pays asiatiques et non de continuer à appliquer des théories économiques dépassées », a tranché Cui Tiankai.timide débutPourtant, la Chine a déjà obtenu en avril des droits de vote supplémentaires à la Banque mondiale. Et le G20, en novembre, devrait entériner une réforme du FMI qui donnera 5 % des quotas détenus par les pays développés aux pays émergents. Mais pour Zhu Min, qui n'a pas manqué de souligner les réticences de ces mêmes pays développés à accepter la réforme, cela reste insuffisant. Il juge même ces premières mesures comme étant un simple début à un changement plus ambitieux du fonctionnement de la gouvernance mondiale.Prudente, la Chine ne souhaite d'ailleurs pas, pour atteindre ses buts, se distinguer des autres économies émergentes. Pour des raisons de politique internationale, elle inscrit sa démarche au sein du groupe des pays en développement. Cela lui permet, entre autres, d'être du bon côté dans les discussions sur le changement climatique, comme on a pu le voir lors du sommet sur le climat de Copenhague fin 2009. « Nous ne devons pas mettre l'accent sur un seul pays. C'est l'ensemble du groupe des pays émergents qui a vu son poids s'accroître », n'a pas manqué de rappeler Cui Tiankai.Cette démarche collective risque de contrarier les ambitions de Nicolas Sarkozy, qui veut faire de la Chine une alliée pour mener à bien l'ambitieux agenda de la présidence française du G20 à partir de 2011. En avril, à Pékin, la gouvernance mondiale était au coeur des discussions entre le président français et son homologue chinois Hu Jintao. En août, il a proposé qu'un groupe de réflexion sur ce sujet soit créé à Pékin, et également suggéré qu'elle accueille durant un an les meilleurs spécialistes internationaux pour plancher sur une réforme du système monétaire international. Pékin n'a pas officiellement répondu. Le « consensus de Paris » ne fait pas recette.