La Chine consent un geste symbolique sur le yuan

Depuis que les États-Unis se sont abstenus d'accuser la Chine de manipuler sa monnaie et que Pékin a fini par libéraliser son régime de change en mettant fin au lien fixe unissant son yuan au dollar, le renminbi - l'autre nom de la monnaie chinoise - ne s'est apprécié que d'un famélique 1 %. Après avoir publié une série de statistiques fastes (on a appris lundi la hausse de 13,9 % en rythme annualisé de sa production industrielle en août), confirmant que le coup de froid redouté n'était plus qu'un mauvais souvenir, la Banque Populaire a néanmoins consenti un geste inhabituel. Lundi, elle a laissé le yuan toucher un record face au dollar depuis la réévaluation de juillet 2005. Le cours de référence du yuan, que la banque centrale fixe quotidiennement, s'est établi à 6,7509, soit une progression de 0,17 % par rapport au cours de vendredi. Rappelons que le yuan est autorisé à fluctuer de 0,5 % à la hausse ou à la baisse autour de ce cours pivot depuis juin dernier, après la suspension de l'arrimage du yuan au dollar. Ce même lundi, le ministère du Commerce s'est engagé à faciliter les investissements étrangers en Chine, en élargissant le nombre de secteurs d'activités où ces investissements seront autorisés.Mais au vu des performances économiques étincelantes de la Chine, qui a ravi au Japon le rang de deuxième puissance mondiale cet été, ces deux gestes apparaissent dérisoires. La Chine n'ouvrira ses marchés qu'au compte-gouttes, alors qu'elle avait promis leur libéralisation lors de son entrée dans l'OMC, l'Organisation mondiale du commerce, en 2001, et la banque centrale continuera à contrôler au plus près l'évolution de sa monnaie. Or, la solidité de la demande intérieure chinoise ne justifie plus ce refus d'adopter une politique de change plus flexible. Les pressions internationales risquent de refaire rapidement surface, alors que s'approche la réunion du G20, propice aux concessions de la Chine qui sait habilement faire preuve de souplesse avant les grands rendez-vous internationaux.S'il est un pays où la grogne antichinoise est montée d'un cran, c'est bien le Japon qui, lui, se débat avec une reprise économique balbutiante. Le récent surcroît d'achats de bons du Trésor japonais par la Banque de Chine a intensifié le mouvement à la hausse du yen, qui pulvérise des points hauts de quinze ans face au dollar. Au point que les responsables monétaires sont démangés par la tentation de revenir sur le marché des changes, par le biais d'interventions, pour la première fois depuis mars 2004. Mais ils savent que la Chine leur tend un piège?: elle pourrait alors faire partager par Tokyo l'accusation de manipuler sa monnaie... Isabelle Croizard
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