L'industrie auto française garde la main sur ses moteurs

Les délocalisations ? Un vocable qui fait figure de chiffon rouge auprès des ministres comme des syndicalistes. Pourtant, les faits sont têtus : la production de voitures Renault, Peugeot ou Citroën en France a chuté de moitié en quinze ans ! Les constructeurs ne le nient pas. Mais ils expliquent que, si les activités d'assemblage de véhicules se sont largement internationalisées, la production d'organes mécaniques demeure essentiellement centrée sur l'Hexagone ou, en tout cas, sur l'Europe occidentale. Un point clé puisqu'un moteur et sa boîte de vitesses représentent entre 15 % et 30 % de la valeur d'un véhicule ! De fait, s'il assemble 39 % de ses voitures en France, PSA Peugeot-Citroën y fabrique encore 85 % de ses moteurs et ses transmissions, employant 10.400 personnes dans ce secteur, notamment à Douvrin (Pas-de-Calais, usine commune avec Renault) et Trémery (Moselle). Ses sites étrangers de Porto Real (Brésil), Jeppener (Argentine) et Xiangfan (Chine) ne sont là que pour satisfaire les besoins locaux.Renault assemble pour sa part en France à peine 21 % de ses voitures particulières... et seulement 28 % de ses moteurs et transmissions avec 4.700 salariés. Mais, si l'on ajoute les traditionnelles activités mécaniques de Valladolid en Espagne, c'est quand même 68 % de ses groupes motopropulseurs et transmissions que l'ex-Régie fabrique en Europe occidentale. Soit 1,54 million d'unités en 2009 (sur un total de 2,26 millions). « 100 % de nos moteurs sont conçus en France, principalement à Rueil-Malmaison et Lardy en région parisienne (3.360 personnes) », précise par ailleurs la firme au losange.PSA usine également en France les moteurs en coopération destinés à la marque Mini de BMW (200.000 prévus en 2010). Le constructeur fabrique par ailleurs tout ou partie des mécaniques diesel destinées à Ford et produit même entièrement un gros bloc de 2,2 litres de cylindrée pour son partenaire américain (50.000 en 2010). Renault vend, quant à lui, une partie de ses moteurs ouest-européens à son partenaire Nissan et sa marque de luxe Infiniti, y compris des gros diesels à six cylindres, fabriqués à Cléon. Ce site normand exporte 60 % de sa production.InvestissementsLa fabrication de moteurs et boîtes en France va d'ailleurs s'amplifier. PSA démarrera en 2012 à Trémery un nouveau petit moteur à essence trois cylindres très sobre. Moyennant un investissement industriel de 300 millions d'euros, pour un potentiel de 640.000 unités annuelles. PSA a également annoncé au printemps dernier qu'il allait investir 175 millions supplémentaires, à Douvrin cette fois, pour la production d'un dérivé plus puissant de ce moteur avec une capacité de 320.000 par an. Cléon doit pour sa part fabriquer dès 2011 un tout nouveau moteur à gazole peu consommant de 1,6 litre de cylindrée et d'une puissance de 130 chevaux (dans sa première version commercialisée). « Il s'agira de volumes très importants, assure Renault, qui feront remonter la proportion de moteurs produits en France. » Ce moteur sera notamment acheté par... Mercedes, en vertu des récents accords.
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