L'Institut Montaigne pour la création d'eurobonds

Pour l'Institut Montaigne, la crise grecque le prouve : il est temps de franchir une nouvelle étape dans la construction de la zone euro. Alors que les obligations d'État grecques et l'euro repartaient nettement à la baisse vendredi, l'institut plaide pour la mise en place d'un instrument de dette commun, l'eurobond.Partant du constat que la crise de 2008 a conduit à une aggravation des déséquilibres au sein de l'union monétaire, « jusqu'alors latents », l'auteur de l'étude, Frédéric Bonnevay, engage à la création par étapes d'une agence dédiée à l'émission de titres de dette européens. L'étude suggère dans un premier temps la mise en place de projets communs de long terme entre la France et l'Allemagne concernant, par exemple, les infrastructures ou le transport. Ces projets seraient financés par l'agence commune, qui distribuerait aux Trésors nationaux les sommes levées et recevrait en échange des recettes fiscales pour assurer le service de la dette due à ses créanciers. Le système serait alors progressivement élargi, tandis que « les actuelles obligations d'État seront progressivement remplacées par une gamme de titres uniques ». Chaque membre bénéficierait d'une solidarité commune, mais serait susceptible de retenues de fonds en cas de non-respect de ses engagements.Un tel projet offre un avantage évident dans le contexte de la crise grecque, qui a agi par ricochet sur le Portugal et l'Espagne et a conduit à un élargissement des primes de risque exigées par les investisseurs sur les signatures des différents membres de la zone euro. « Un émetteur unique permettrait de construire un marché obligataire souverain plus profond et donc moins facile à déstabiliser », souligne un ancien banquier. « Le problème de la zone euro, c'est que, contrairement aux États-Unis, la politique fiscale est beaucoup moins unifiée », ajoute-t-il.solidarité à l'épreuveOutre une harmonisation fiscale plus poussée, un tel projet relève d'un tournant politique par rapport aux accords ayant présidé à la création de l'euro, fondés sur l'absence de solidarité intracommunautaire et le respect du traité de Maastricht. « Dès que des émetteurs de dette ont un profil très proche, survient l'idée de mutualiser leurs appels au marché. C'est une réflexion à la fois très rationnelle et ancienne. Mais je ne crois pas à sa faisabilité, car il n'y a pas de volonté politique pour construire une structure budgétaire centrale », estime un spécialiste des finances publiques. La crise pourrait changer la donne. Julien Beauvieux
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