Et si Berlin avait flingué Cassidian, la filiale défense d'EADS

Par latribune.fr  |   |  609  mots
C\'est l\'une des leçons les plus paradoxales de l\'échec du rapprochement entre EADS et BAE Systems. Alors que l\'Allemagne a défendu bec et ongles les activités défense du groupe européen, principalement situées sur son sol, ces actifs regroupés dans Cassidian pourraient être finalement les plus menacés par l\'échec des négociations entre les deux groupes. Car la filiale défense d\'EADS n\'a ni la taille critique, ni la cohérence dans ses différentes activités pour continuer à exister de façon autonome. \"Nous allons devoir revoir la stratégie de notre groupe et de ses activités de défense en particulier\", a d\'ailleurs expliqué dès mercredi le PDG d\'EADS, Tom Enders, dans un courrier adressé aux salariés. \"Le sujet Cassidian reste entier\", précise-t-on chez EADS. Et dire que l\'Allemagne avait obtenu une \"special share\" et une holding nationale pour y placer et protéger certaines de ses activités de défense souveraines à l\'image de la Grande-Bretagne (sous-marins nucléaires) et de la France (missiles balistiques nucléaires). Et pour y loger quoi? Des activités de torpilles et des radars...Cassidian n\'a \"jamais trouvé sa vitesse de croisière\"Que représente Cassidian, qui a réalisé 5,8 milliards d\'euros en 2011 (20.900 salariés), dont 1,2 milliard venant des 37,5% de MBDA? Soit 11,8% du chiffre d\'affaires d\'EADS, en baisse d\'ailleurs par rapport aux résultats de 2010 (13% des ventes du groupe européen, 5,9 milliards de ventes). La filiale d\'EADS, qui réalise 92% de son chiffre d\'affaires dans la défense et 8% dans la sécurité, est présente dans les systèmes aériens (les avions de combat, de transport militaire, de mission et les drones), systèmes terrestres et navals, renseignement et surveillance, cybersécurité, communications sécurisées, systèmes d\'essais, missiles et services et solutions de support. Cassidian détient 37,5% du missilier MBDA (37,5% BAE Systems, 25% Finmeccanica) et 46% d\'Eurofighter GmbH (33% BAE Systems et 21% Finmeccanica). \"Cette division n\'a jamais véritablement réussi à trouver sa vitesse de croisière, explique Hélène Masson de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) dans une note. La multiplication des réorganisations internes depuis 2003 illustre d\'ailleurs cette difficulté\".Quel avenir pour Cassidian?Alors quel avenir pour Cassidian? EADS, qui s\'est régulièrement interrogé ces dernières années sur sa filiale défense, va-t-il garder cette activité, qui aurait trouvé une place dans un rapprochement avec BAE Systems. EADS doit aujourd\'hui se persuader à nouveau qu\'il peut jouer un rôle pivot dans la consolidation européenne de la défense. C\'était le cas avec BAE Systems. Autre inquiétude, Cassidian, l\'un des trois actionnaires du consortium Eurofighter, est en train de perdre le contrat du siècle en Inde, qui a choisi en janvier dernier d\'entrer en négociations exclusives avec Dassault Aviation pour la vente de 126 avions de combat. Ce qui met Cassidian en réelle difficulté, car faute de contrat export significatif et de la commande de la tranche 3B (124 appareils), les quatre chaînes d\'assemblage de l\'Eurofighter devraient fermer vers 2018. Toutefois, pour gagner à l\'export, le Typhoon (version export) doit devenir un avion multirôle et se doter d\'un radar à antennes actives (AESA). Ce qu\'il n\'est pas tout à fait encore avec une mission air-sol encore trop légère pour pouvoir exister à l\'export. Le radar AESA devrait entre en service en 2015. Soit trois ans après celui du Rafale.