Avec la désinfla tion salariale, l'Allemagne fait cavalier seul en Europe

L'Allemagne contre l'Europe ? La France a mis les pieds dans le plat en dénonçant les choix de politiques économiques non coopératifs de l'Allemagne. Outre-Rhin, le gouvernement a adopté depuis le début de la décennie une stratégie de compression de ses coûts salariaux qui lui a permis de restaurer la compétitivité de ses exportations... au détriment de ses partenaires européens.L'Allemagne, qui vient de se faire ravir par la Chine la place de premier exportateur mondial, est abonnée aux excédents commerciaux colossaux. Des performances qu'elle doit bien entendu à la qualité de son tissu industriel mais aussi à l'atonie de sa demande intérieure nourrie par l'un des taux d'épargne les plus élevés d'Europe. Depuis 2002, le gouvernement allemand a entrepris de rétablir sa position dans le commerce mondial par une politique de baisse délibérée des coûts salariaux.D'abord par des accords de branche privilégiant l'emploi sur les salaires puis par la mise en oeuvre des réformes Hartz visant à accroître la flexibilité sur le marché du travail. Cette politique de désinflation compétitive s'est poursuivie début 2007 par des baisses de cotisations sociales financées par une hausse de 3 points de la TVA. Résultat, les coûts salariaux unitaires allemands ont augmenté d'un peu plus de 5 % depuis 1996 alors qu'ils ont augmenté de près de 30 % en France, de 55 % en Italie ou encore de 60 % en Espagne.Ces gains de compétitivité ont permis aux industriels allemands de perdre moins de parts de marchés que leurs homologues français ou italiens à l'extérieur de la zone euro. Mais l'Allemagne, comme la France, continue de perdre des parts de marché dans le monde au profit des entreprises des pays émergents. « C'est donc au sein de la zone euro que l'Allemagne compense les pertes de marché réalisées sur les marchés tiers avec des gains de parts de marché aux dépens de ses partenaires », souligne Marion Cochard, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).L'économie française a été d'autant plus affectée que les deux pays présentent des structures d'exportations proches. En outre, souligne Marion Cochard, « il est probable que l'atonie de la demande intérieure ait contraint les entreprises allemandes à chercher activement de nouveaux débouchés hors du territoire ». À l'inverse, les entreprises françaises bénéficient d'un marché intérieur dynamique. Pour l'économiste, la désinflation compétitive « présente le risque d'enclenchement de cercle vicieux de concurrence des nations et des systèmes sociaux ». Xavier Harel
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