Les nouvelles rivalités spatiales sino-américaines

Par latribune.fr  |   |  433  mots
Barack Obama a tenté, jeudi, de rassurer le personnel de la Nasa en exposant en Floride sa politique spatiale et en annonçant une hausse de 6 milliards de dollars sur cinq ans du budget de l'agence américaine. Des nouvelles destinées à mettre du baume au coeur des 18000 fonctionnaires de la Nasa (auxquels s'ajoutent 40000 contractuels), et stopper les critiques émises depuis l'annonce par la Maison Blanche le mois dernier, de l'abandon du programme Constellation, initié en 2004 par George Bush. Une décision dictée par des considérations budgétaires pour mener à bien cette mission prévoyant le retour de l'homme sur la Lune, il aurait fallu une rallonge de 3 milliards de dollars par an- mais qui correspond aussi à la volonté du président américain de revoir de fond en comble le role de la Nasa. Opportunistes, les Chinois ont profité de cette baisse de régime de la première puissance spatiale pour rappeler au reste du monde leurs propres ambitions. Cette semaine, un responsable chinois a donné pour la première fois une interview à des journaux étrangers, exposant les prochaines étapes de la conquête spatiale de son pays : envoi d'une deuxième sonde lunaire avant la fin de l'année, lancement d'un vaisseau spatial habité en 2011... De quoi relancer la course à l'espace entre les deux pays. « Mais il ne faut pas se tromper, relativise Isabelle Sourbes, chercheur au Cnrs.retard substantielEn matière spatiale, les États-Unis et la Chine ne jouent pas du tout dans la même cour ». Ni en termes de budget - l'enveloppe chinoise est estimée à 2,5 milliards de dollars par an, contre 18 milliards pour la Nasa (près du double en prenant en compte le budget militaire) -, ni en termes de compétences technologiques, les Chinois accusant un retard d'une trentaine d'années sur les Américains. « Mais en devenant la première nation à fouler le sol lunaire en 1969, les États-Unis se sont installés dans le rôle de la première puissance spatiale du monde. Ils ne peuvent pas abandonner cette place, alors même qu'ils n'ont plus la motivation politique pour conduire des programmes ambitieux », analyse Laurence Nardon, responsable du programme espace à l'Institut français des relations internationales.La Chine, de son côté, a compris l'enjeu en termes de communication que représente l'espace. En annonçant l'envoi avant la fin de l'année de sa sonde lunaire Chang'e 2, elle s'est bien gardée de préciser que cet événement interviendra avec une année de retard sur le programme établi en 2006 par le « livre blanc » chinois sur l'espace.