Tokyo intervient pour stopper l'envolée du yen

Par latribune.fr  |   |  464  mots
Dans l'air depuis plusieurs semaines, l'intervention des autorités nippones sur le marché des changes a finalement eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi. Décision inédite depuis 2004 et hautement politique, alors que les parlementaires américains pointent régulièrement du doigt le niveau du yuan chinois. Les ventes de yens sur les marchés asiatiques et européens sont intervenues alors que le yen avait poursuivi plus tôt son envolée en enregistrant un nouveau plus-haut de quinze ans, à 82,88 yens pour un dollar. La réaction sur les marchés des changes, pris par surprise, ne s'est pas fait attendre. La monnaie nippone repassait en début de matinée au-dessus du seuil de 85 yens pour un dollar, se stabilisant aux alentours de 85,6 yens mercredi en fin d'après-midi.Dopé par la crise grecque et le ralentissement de l'économie américaine, le yen a profité depuis la mi-mai de l'appétit des investisseurs pour les valeurs refuge. Son bond de 11 % face au dollar n'avait jusqu'à mardi donné lieu qu'à des interventions verbales du ministre des Finances, Yoshihiko Noda. Renforcé par sa réélection ce mardi à la tête de son parti, ce dernier a finalement cédé aux appels à l'action du patronat japonais. « Nous sommes intervenus pour contenir des mouvements excessifs sur les marchés de change. Nous continuerons à observer l'évolution des marchés avec attention et prendrons des décisions audacieuses si nécessaire, y compris de nouvelles interventions », a expliqué Yoshihiko Noda.Les autorités ont souligné l'ampleur de l'intervention sans en préciser les montants, une source gouvernementale ajoutant que le ministère « semble considérer » le seuil de 82 yens pour un dollar comme le niveau à défendre. volonté politiqueLa plupart des analystes estiment cependant que la Banque du Japon (BoJ), qui dirige les opérations techniques, aura le plus grand mal à infléchir durablement la course du yen. « Il s'agit clairement d'une bonne nouvelle mais cela ne changera pas complètement la donne pour autant », explique Simon Somerville, gérant chez Jupiter AM. « Le ministre des Finances a pris la décision d'intervenir pour un affaiblissement du yen, cela signifie qu'il s'agit d'une volonté politique du gouvernement japonais et non pas de la BoJ. Dans ce sens, cette intervention est un peu aseptisée, en effet, il n'y aura pas d'impact sur le bilan de la BoJ et n'apportera pas plus de liquidité », ajoute-t-il. Lors de sa dernière intervention du printemps 2004, la BOJ avait vendu 14,8 trillions de yens alors que le dollar valait 108 yens, soit environ 137 milliards de dollars de l'époque. Après s'être affaiblie jusqu'à 112 yens pour un dollar début mars 2004, la monnaie japonaise était finalement repartie à la hausse et avait fini l'année à 102 yens pour un dollar.