Petits libraires et grandes enseignes sont secoués par le numérique

Le livre numérique faisait à peine ses premiers pas que tous les professionnels du secteur, de l'écrivain à l'éditeur, tiraient le signal d'alarme sur l'avenir de la librairie française. Un réseau qui a survécu grâce à la loi Lang sur le prix unique qui fête ses 30 ans cette année. Mais n'a-t-on pas enterré un peu vite les libraires indépendants ? Les plus touchés par la révolution du numérique ne seront peut-être pas les plus petits... La première alerte, et elle est de taille, est venue des États-Unis. Mi-février, le réseau de libraires Borders, le numéro deux américain, s'est placé sous la protection de la loi sur les faillites, le « Chapter 11 ». En quelques jours, plus de 200 libraires ont mis la clé sous la porte, soit un tiers des magasins du réseau Borders. Une douche froide pour le secteur et un coupable est immédiatement identifié : le numérique. Borders a tout simplement raté le virage du numérique, se laissant distancer par les géants Apple et Amazon et même par son concurrent, le réseau traditionnel Barnes & Nobles qui lui n'a pas hésité à lancer sa propre tablette numérique l'an dernier. Lourds investissementsEn France, si aucune grande enseigne n'est au bord du gouffre, les deux plus importantes, la Fnac et Chapitre ont été mis en vente par leurs propriétaires respectifs, le français PPR et l'allemand Bertelsmann. Avec la cession Chapitre et de son site Web, ce sont plus de soixante libraires en France qui vont tomber dans l'escarcelle de Najafi, une société américaine d'investissement. Une vente qui peut surprendre car il y a peine six ans, le géant des médias Bertelsmann annonçait lors du rachat des libraires Privat, son ambition de devenir le premier vendeur de livres en France.Pour un professionnel du secteur, « c'est le livre numérique qui a poussé le groupe allemand à faire marche arrière car même si son groupe a lancé sa propre tablette, l'Oyo en octobre dernier, il pense que l'avance pris par les géants américains Amazon, Apple et même Google est trop grande ». L'arrivée fin 2010, d'Alexandre Bompard, ex-patron d'Europe 1, à la présidence de la Fnac a relancé les spéculations sur la vente de l'enseigne culturelle par PPR. Aucun calendrier officiel, mais François-Henri Pinault, le patron du groupe PPR, jugeait en février « le marché favorable » pour une vente. Si la cession de la Fnac s'inscrit dans une stratégie globale du groupe PPR, il semble bien là encore que la révolution du numérique qui nécessite des investissements lourds ait conforté PPR dans son choix. D'autant que les ventes de la tablette Fnacbook ont été décevantes. À peine 20.000 de ses liseuses électroniques ont été vendus depuis son lancement à l'automne. Nouveau portailQuand le livre numérique deviendra une réalité économique, « pourquoi se déplacer à la Fnac pour télécharger une oeuvre », s'interroge un libraire parisien ? Plaidant pour sa paroisse, il souligne que les libraires sont les seuls à jouer la carte de la proximité. « Les ventes des grandes enseignes prouvent que la libraire ne doit pas aller vers un modèle de distribution de masse et les libraires, des artisans qui ont un vrai rapport particulier avec le client notamment par leur travail d'animation, sont donc incontournables », estime Guillaume Husson, numéro deux du Syndicat de la librairie française (SLF). Mais, le réseau des libraires est très fragile économiquement. Preuve que les détaillants n'entendent pas se laisser faire face à un Amazon ou à un Fnac.fr, ils vont profiter du Salon du livre, du 18 au 21 mars à la porte de Versailles, pour annoncer le lancement de leur portail de vente en ligne baptisé 1001libraires.com.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.