Terrasser le déficit budgétaire ? Ils l'ont fait

A peine installé à Bercy, François Baroin, le nouveau ministre du Budget, vient d'annoncer fièrement avoir déniché 500 millions d'euros d'économies potentielles sur les achats de l'Etat, en particulier sur le parc automobile. Sur trois ans, le gouvernement escompte d'ailleurs économiser 10% sur les 30 milliards d'euros de « frais de fonctionnement » de l'Etat. Son prédécesseur, Eric Woerth, s'était illustré en mettant en place la Révision générale des politiques publiques, la Rgpp désormais vilipendée dans toute manifestation de fonctionnaires qui se respecte. Censée améliorer la productivité de l'Etat tout en améliorant les services aux administrés, cette fameuse Rgpp doit permettre d'économiser 8 milliards d'euros sur quatre ans grâce à 374 mesures concernant toutes les administrations. Quant à François Fillon, il vient d'admonester ses ministres coupables de faire exploser les dépenses de voyages officiels en louant à prix fort des avions privés pour des déplacements pas toujours indispensables... Limitée à l'inflationAvec tout cela, on ne pourra pas dire que la recherche d'économies budgétaires n'est pas une préoccupation de nos dirigeants. Après avoir supprimé 100 000 postes en trois ans, le gouvernement prévoit la disparition de 36 000 autres emplois de fonctionnaires cette année en vertu de la règle du non remplacement d'un agent sur deux partant à la retraite. Entre 2009 et 2011, la progression des dépenses de l'Etat hors plan de relance sera d'ailleurs limitée à l'inflation, soit « zéro volume » comme l'on dit à Bercy.Bout de chandelleSi bienvenues soient-elles, ces économies ne constituent que des gouttes d'eau dans un déficit public total qui voisinne les 150 milliards d'euros (prèsque 8% du PIB). Les 8 milliards d'euros dégagés par la Rgpp représentent également peu de chose comparés aux 280 milliards de dépenses inscrites au budget de l'Etat pour 2010. Les 2 milliards économisés depuis 2008 avec la réduction du nombre de postes d'agents publics doivent être mis en regard des 87 milliards d'euros de masse salariale de l'Etat (hors paiement des pensions). D'autant qu'en « contrepartie » si l'on peut dire, les 600 établissements publics dépendant de l'Etat et surtout les collectivités locales n'ont pas réalisé ces efforts, même modestes, d'économie. L'Etat stricto sensu n'est effectivement pas le seul vecteur de la dépense publique en France. Son budget ne représente que 359 milliards sur plus de 1000 milliards de dépenses publiques... Les dépenses de protection sociales et celles des collectivités locales en constituent la masse essentielle. Or, les premières augmentent mécaniquement sous l'effet de la crise et du vieillissement de la population. Les secondes sont pour parties liées aux transferts de compétences réalisés par l'Etat. Difficile donc de les maîtriser. Idées reçuesLa difficulté de tailler dans les dépenses publiques tient à la nature même de ces dernières, au moins autant qu'à la timidité des gouvernements successifs. Plus de 44% de ces dépenses sont en effet constituées aujourd'hui de prestations sociales. Quel gouvernement prendrait le risque de couper franchement dans ces dépenses ? Les investissements, c'est-à-dire les « dépenses d'avenir » ne représentent que 6,4,% et les intérêts de la dette 5,3% (10% pour le seul Etat). Les dépenses de fonctionnement, celles donc qu'il est à priori plus facile de réduire, atteignent 35% du total. Contrairement à une idée reçue, cette part a d'ailleurs diminué depuis 30 ans en France, alors que dans le même temps la dépense publique a augmenté de 8 points de PIB. Héritage et papy-boomComment tailler dans la dépense lorsqu'il faut assumer le poids de l' « héritage » ? « Les dépenses héritées du passé » comme on les nomme pudiquement dans les communiqués de Bercy, pour éviter de dire carrement qu'elles sont incompressibles, progressent plus vite qu'auparavant. L'arrivée à l'âge de la retraite des générations de fonctionnaires issues du baby boom accroît les dépenses de pensions de l'Etat : + 2,4 milliards d'euros par an sur la période 2009/2011. Quant à la charge de la dette du seul Etat, elle va s'accroître d'1,7 milliard par an, hors impact du plan de relance. Au total, pensions et charges de la dette qui représentaient moins de 30% de l'augmentation des dépenses de l'Etat entre 2003 et 2007 absorbent désormais près de 70% des marges de manoeuvre budgétaires... C'est l'asphyxie progressive. Raison de plus pour se pencher sur les exemples vertueux de ces pays qui ont réussi à terrasser l'hydre de la dépense publique.
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