L'explosion du trafic de données mobiles est-elle un mythe ?

Une étude du cabinet Analysys Mason lance un pavé dans la mare. Son auteur, Rupert Wood, conclut que l'explosion du trafic de données sur les réseaux mobiles est un mythe. « Cette vision d'une énorme vague de données qui pourrait submerger les opérateurs est exagérée et n'est pas corroborée par le trafic mesuré sur les réseaux mobiles », fait valoir l'expert du cabinet britannique. Le trafic de données sur mobile en Europe « ne va pas doubler chaque année comme on l'entend fréquemment » : après une croissance de 110 % en 2009 en moyenne, il devrait augmenter de 35 % environ selon lui cette année. La raison invoquée est simple : « environ 90 % du trafic de données sur mobile provient des PC et c'est la partie qui progresse le moins vite » estime-t-il, se fondant sur les statistiques récoltées auprès de régulateurs et d'opérateurs. À titre d'exemple, le gendarme des télécoms danois évaluait fin 2009 que les téléphones comptaient pour 5,7 % du trafic de données mobiles du pays, en Norvège son homologue l'évalue à 8,5% et au Portugal la part des terminaux serait de moins de 2% par rapport aux clés 3G. La France est dans ce domaine atypique : les clés 3G, aux tarifs plutôt élevés comparativement, n'ont pas atteint le même taux de pénétration et ne sont pas un produit de substitution du fixe comme dans d'autres pays où l'accès à l'Internet au haut débit est plus onéreux et de moindre qualité.S'appliquant à distinguer l'usage du trafic, Rupert Wood estime que la proportion du surf effectué depuis un téléphone transitant réellement par un réseau cellulaire est « en fait très petite, probablement autour de 10 %-20 % » dans les pays où la plupart des foyers sont connectés en Internet fixe. Les propriétaires de smartphones sont nombreux à basculer en WiFi sur un réseau fixe, en particulier à domicile. En mai, lors de l'Open Mobile Summit, le directeur technique de Deutsche Telekom, Olivier Baujard, avait indiqué que 100 % du trafic des utilisateurs d'iPhone en Allemagne en intérieur était écoulé en wi-fi. Le téléchargement de certaines applications et le visionnage de vidéos par exemple sont plus rapides et plus fluides depuis un réseau fixe. La part la plus lourde du trafic serait donc déchargée des réseaux mobiles spontanément par les utilisateurs. Au total, l'expert d'Analysys Mason estime qu'une large part, « plus de la moitié et probablement près de 75 % » du trafic de données généré par les téléphones transite déjà par les réseaux fixes. Il en conclut que les opérateurs ne doivent pas précipiter leurs investissements dans la technologie LTE dite de quatrième génération, « au risque de répéter les erreurs du lancement de la 3G, qui, prématuré, faute de demande, avait conduit à brader les surcapacités de réseau. »Delphine Cuny
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