Retraites : l'exception française parmi les pays riches

Dans le domaine des retraites, la France accumule excès et particularismes. À la lecture du « Panorama des pensions 2011 » que l'OCDE a publié jeudi, on s'aperçoit que l'Hexagone est le pays, avec l'Italie, où le temps de vie passé à la retraite est le plus long : 27 ans pour les femmes, 22 ans pour les hommes. La raison en est simple : l'âge de sortie du marché du travail est l'un des plus bas : 59 ans pour les hommes et les femmes, alors qu'il est, au sein de la zone OCDE, de 64 ans pour les hommes et de 62,5 ans pour les femmes. De surcroît, l'espérance de vie y est très élevée : 81 ans pour les hommes et 87 ans pour les femmes, contre 81 et 85 ans dans la zone OCDE. Ce particularisme d'une sortie précoce du marché du travail résulte de l'effet conjugué de la réforme votée sous François Mitterrand (la retraite à 60 ans), d'une longue tradition de dispositifs de pré-retraites et des discriminations des employeurs vis-à-vis des seniors. Sa conséquence directe est un taux de participation des seniors au marché du travail parmi les plus bas : 19 % seulement des hommes de plus de 60 ans travaillent en France, contre 54,5 % dans la zone OCDE. Dans la tranche des 65-69 ans, ce taux est plus faible encore : 5,5 % (contre 29,3%). Pis, la France fait partie des rares pays, avec la Grèce, la Hongrie, la Pologne et la Turquie, où ces taux ont régressé entre 1970 et 2008 alors qu'ils ont progressé dans la zone. Les mesures entreprises récemment pour renverser la vapeur produisent des effets, mais qui n'ont pas été encore pris en compte par l'OCDE, dont les indicateurs se fondent sur des statistiques de 2008.Encourager l'épargne privée...Enfin, la France fait partie des pays qui dépensent le plus pour leurs pensions (retraite et reversions) : 12,5 % de son PIB, contre 7 % dans la zone OCDE. Sans que les pensions y soient plus élevées qu'ailleurs. Le taux de remplacement (montant de la pension de retraite par rapport aux salaires reçus) est de 49,1 % en France pour les salaires moyens, soit moins que dans l'ensemble de la zone OCDE (57,3 %), mais plus qu'en Irlande, au Japon, ou en Grande-Bretagne. Considérant les particularités françaises relatives à l'âge, l'OCDE juge que la réforme de 2010, qui a repoussé les âges de départ, constitue une « stratégie payante ». Mais elle considère dans le même temps que les réformes récentes au sein de la zone ne « permettront pas de couvrir le coût des retraites à l'avenir », en raison du vieillissement de la population. Inquiète de la paupérisation des populations âgées, l'OCDE se garde de préconiser la diminution des pensions. La viabilité des systèmes de retraite doit être « financière, mais aussi sociale », explique Anna Cristine D'Addio, à l'OCDE. Quelles solutions alors ? Il faut encourager l'épargne privée et l'emploi des seniors, estime l'organisation. Et probablement, aussi, travailler plus longtemps.... La France, qui possède encore des marges de manoeuvre dans ce domaine, choisira-t-elle d'agir en ce sens, après la réforme tant critiquée de 2010 ? Sara Sampaio
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