Rome se passe d'atome depuis trente ans

« Nous devons faire une pause. » En quelques mots, le ministre chargé de l'Industrie, Paolo Romani, a peut-être sifflé mercredi la fin de la relance du nucléaire en Italie. C'était pourtant l'un des grands chantiers de Berlusconi, revenu au pouvoir en 2008, et qui avait prévu de construire au moins dix nouvelles centrales pour couvrir 25 % des besoins en électricité de la péninsule. À la suite d'un accord entre Enel et EDF, les nouveaux réacteurs devaient entrer en fonction en 2020, mettant ainsi un terme à trente ans de bannissement du nucléaire en Italie, seul pays au monde à avoir fermé des centrales avant leur échéance. En 1987, au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl, Rome avait en effet renoncé à son programme atomique civil initié en 1963 avec la construction d'une centrale à Latina. À la suite d'un référendum proposé par les Verts mais soutenu aussi par les socialistes, les démocrates-chrétiens et les communistes, la fin du nucléaire transalpin avait été approuvée par 80 % des Italiens (avec toutefois 35 % d'abstentions).Alors qu'en 1986 l'atome représentait 4,5 % de la production électrique du pays, les trois centrales furent fermées en l'espace de quelques mois. Les réacteurs de Trino et Latina étaient arrivés en fin de cycle. Mais celui de Caorso, arrêté en 1990, fonctionnait à plein régime. Les autres chantiers en cours furent aussi stoppés, notamment celui de Montalto di Castro reconverti depuis en centrale polycombustible. Malgré des progrès dans les sources renouvelables, l'Italie continue aujourd'hui d'importer, selon les heures de la journée, entre 10 % et 25 % de son électricité de Suisse et de France (pour l'essentiel, des centrales nucléaires) et le consommateur italien doit faire face à un prix du kilowattheure parmi les plus élevés d'Europe. Alors que 53 % des Italiens s'y déclarent désormais opposés, un nouveau référendum sur la question aura lieu en juin. Robert Laveran, à Rome
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