Tokyo craint un black-out géant

Séisme, puis tsunami, entraînant une alerte nucléaire, avec pour conséquence directe une pénurie d'électricité. C'est l'activité du Japon tout entier, ou en tout cas, celle de la région de Tokyo, coeur de l'économie nippone, qui est désormais prise dans un engrenage infernal. De fait, Tokyo Electric Power Company, la compagnie d'électricité qui gère la centrale de Fukushima, à 240 kilomètres de la capitale et approvisionne la mégalopole, a déjà organisé un rationnement, en raison des capacités de production perdues (11 réacteurs arrêtés sur 54). Une première dans l'histoire du pays et qui pourrait durer jusqu'à la fin avril. Mais les autorités craignent désormais un véritable black-out, avec pour conséquence une paralysie totale de l'activité économique et de la production industrielle. La capitale et sa région pourraient en effet se retrouver dans le noir : les températures hivernales entraînant une demande toujours plus grande d'énergie.Déjà, boutiques, bureaux et usines tournent au ralenti. Les salariés qui se sont tous, depuis les années 1980, repliés en banlieue lointaine - à Yokohama, ou ailleurs, pour fuir la flambée immobilière passée - ont des difficultés à rallier leur lieu de travail ou à rentrer chez eux, la circulation des trains et du métro étant, par exemple, interrompue vers 17 heures. En outre, plusieurs centaines de personnes ont été bloquées ces dernières heures dans les ascenseurs des immeubles de l'agglomération urbaine. La région de Kanto, dans laquelle se trouve Tokyo, a vu ainsi son approvisionnement en électricité baisser d'un quart. Une pénurie qui affecte quelque 10 millions de foyers tokyoïtes. Si, dans les jours qui viennent, les transports en commun sont stoppés et que l'électricité se tarit, on peut craindre une asphyxie économique totale. Une catastrophe, puisque la mégalopole de Tokyo compte pour un tiers du PIB japonais. En cas de simple rationnement maintenu jusqu'au mois prochain, la chute du PIB serait déjà de 0,5 %, calculent les analystes. Au-delà du mois de juin, les pertes sont estimées au double. Les répercussions d'un black-out ne sont même pas quantifiables pour l'instant...Au-delà de la production industrielle, la capitale japonaise est en effet aussi un centre névralgique pour les décisions. Sur les 500 plus grandes entreprises de la planète, 52 ont choisi Tokyo pour leur siège social, un record mondial. Bref, c'est l'avenir de Tokyo - par ailleurs classé deuxième par « Fortune » dans le palmarès du dynamisme de l'activité économique - qui est en jeu.Céline Jeancourt-Galig
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