Yen : le record face au dollar alimente la crainte d'une intervention

Mis à mal par les mouvements de rapatriement des capitaux, le record du yen face au dollar, établi à 79,75 yens en avril 1995 - trois mois après le séisme de Kobe -, a volé en éclats mercredi soir. En vingt minutes, le yen s'est envolé de 4,5 % à 76,25 yens pour 1 dollar. Un niveau jamais observé depuis la Seconde Guerre mondiale et de nature à alimenter les craintes d'intervention sur le marché des changes. D'autant que les ministres des Finances et banquiers centraux du G7 devaient tenir, ce jeudi soir, une réunion téléphonique d'urgence.« Si le renforcement du yen se poursuit, ce qui paraît vraisemblable tant que le marché n'aura pas eu l'assurance que la crise nucléaire est sous contrôle, il est très probable que la Banque du Japon (BoJ), au nom du ministère des Finances, intervienne de manière unilatérale ou multilatérale », avance David Deddouche, stratège chez Société Généralecute; Générale.« Soutien psychologique »« Nous sommes dans une situation d'urgence : il faut interrompre la hausse du yen. Même si à court terme l'impact du renchérissement des exportations apparaît limité comparé aux coûts des importations - le Japon va notamment devoir importer de l'énergie -, la hausse du yen sera préjudiciable à l'économie japonaise à moyen terme. Mais il n'est pas certain que la BoJ puisse y parvenir seule », souligne Valérie Plagnol, directeur de la recherche chez Credit Suisse Banque Privée. Alors que le yen pointait 83 pour 1 dollar le 15 septembre 2010, la BoJ a racheté 25 milliards de dollars contre yens. Sans succès. Le yen a repris sa course jusqu'à 80,22 le 1er novembre.« La situation exige une action coordonnée au sein du G7. Ce serait normal de décourager la spéculation indue dans une telle situation d'urgence », poursuit Valérie Plagnol. Kaoru Yosano, ministre délégué à la politique économique, a tenté de calmer le jeu, indiquant que la Bourse et le yen n'étaient pas suffisamment « déstabilisés » pour garantir une action du G7 et que Tokyo était davantage intéressé par un « soutien psychologique ».Pour Barclays, le Nikkei affaibli, des mouvements désordonnés sur les changes et la surévaluation du yen - passée de 3,6 % en septembre à 6 % pour 1 dollar à 76,25 yens - justifierait une intervention. Mais pour jouer l'effet de surprise, les autorités japonaises pourraient bien être tentées d'attendre. Christèle Frad
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