La menace des rapatriements de capitaux

Le paradoxe est de taille. À l'image du franc suisse, le yen sert traditionnellement de refuge aux investisseurs. Or, malgré les difficultés actuelles du pays, le réflexe perdure - au point de propulser la monnaie à des plus-hauts historiques. Mais la conjonction d'éléments favorables à la hausse du yen - et défavorables à l'économie et aux places boursières - ne s'arrête pas là. Ainsi, c'est à cette époque-ci que les entreprises nippones rapatrient les bénéfices engrangés à l'étranger pour clore leurs comptes. Et les anticipations des opérateurs sur les marchés jouent également un rôle. Ils envisagent d'abord un mouvement de rapatriement de fonds de la part de sociétés qui auront besoin d'argent frais pour relancer leurs activités touchées par le séisme, puis un autre, venu des compagnies d'assurances, afin d'assumer leurs responsabilités vis-à-vis de leurs clients. Or, cette bascule pourrait porter sur des montants élevés puisque, entre 2004 et 2010, les sociétés japonaises, compagnies d'assurances en tête, ont investi un total de 1.250 milliards de dollars à l'étranger, dont la moitié en bons du Trésor américain et le reste à São Paolo, Londres ou ailleurs, là où les rendements étaient jusqu'à dix fois supérieurs à ceux du Japon. Même étalés, ces retraits pourraient peser sur les grandes places boursières - tout en dopant la valeur du yen. De quoi pénaliser les exportations nippones, une fois qu'elles auront repris. Seule consolation, un yen fort rendra les importations moins onéreuses. C'est de gaz naturel dont le pays aura par exemple besoin, afin de remplacer les capacités énergétiques perdues avec les accidents nucléaires. L. J. B.
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