La Hongrie ponctionne les investisseurs étrangers pour assainir ses comptes

Par latribune.fr  |   |  335  mots
Viktor Orban, Premier ministre conservateur de la Hongrie en visite ce jeudi à Paris, a entrepris de taxer les entreprises étrangères présentes dans le pays, après avoir ponctionné les banques. Cette taxation, « provisoire » selon le ministre de l'Économie György Matolcsy, touche le secteur des telécommunications, de l'énergie et de la grande distribution et devrait rapporter 582 millions d'euros. Jointe à la taxe sur les banques (730 millions), elle devrait en deux ans rapprocher la Hongrie de son objectif : la réduction de son déficit budgétaire à ces 3 % du PIB nécessaires pour le passage à l'euro. « Si Orban s'appelait Chavez,on le traiterait de stalinien, de castriste, mais personne ne dit rien parce qu'il est officiellement un Premier ministre de droite normal, voire libéral », commente un entrepreneur français à Budapest, représentatif de la colère de nombreuses firmes étrangères. mesures « contre-productives »Parmi les entreprises touchées par cette nouvelle taxe : EDF, GDF Suez, Vinci, Auchan ou les petits magasins Cora, Match, Profi du groupe Delhaise, réalisant en Hongrie des bénéfices record. Xavier Defaysse, du cabinet d'affaires DunaExpert estime « qu'il ne faut pas noircir le tableau » des mesures en cascade décidées par un Viktor Orban qu'il qualifie de « populiste, nationaliste et xénophobe ». À son avis, les baisses d'impôts sur les bénéfices des PME contribuent largement autant à la croissance retrouvée du pays que ces taxes qui ne touchent que symboliquement au portefeuille des entreprises étrangères. Péter Kreko du centre d'analyse politique PoliticalCapital juge lui ces mesures « très contre-productives » à long terme pour l'image de la Hongrie auprès des investisseurs étrangers : « c'est une très mauvaise préparation à la prochaine présidence hongroise de l'UE, les firmes visées par les taxes étant françaises et allemandes ». « La dénonciation du rôle des multinationales est depuis longtemps un thème de l'extrème-droite hongroise, le parti Jobbik » précise-t-il. Viktor Orban vient de briser un tabou.Christine Dupré, à Prague