France Télécom et Deutsche Telekom mutualisent leurs achats

Officiellement, ce n'est pas une fusion, juste une coentreprise dans le domaine des achats entre France Télécome;lécom et Deutsche Telekom. Pourtant, les économies à la clé, estimées par les deux groupes à 1,3 milliard d'euros par an, au bout de trois ans, représentent « des montants énormes », souligne un analyste, dignes de certaines fusions... Les deux opérateurs historiques européens ont exploré, à plusieurs reprises au cours des décennies précédentes, diverses formes d'alliances. Ils sont passés aux choses sérieuses en 2009 en décidant de rapprocher leurs filiales mobiles au Royaume-Uni dans une filiale commune, Everything Everywhere. Puis, à cette nouvelle étape axée sur la réduction de coûts, la motivation première de nombreuses fusions.En annonçant début février des discussions en vue d'une coopération « technique », les deux opérateurs avaient pris soin de répéter que, « contrairement aux fantasmes de mégafusion », il n'y avait aucun projet en ce sens. C'est la raison non officielle pour laquelle Stéphane Richard et René Obermann, les dirigeants des deux groupes, n'ont pas présenté lundi ce nouvel accord, pourtant majeur. Leur société commune négociera directement avec les fournisseurs les contrats pour le compte des deux groupes, ce qui devrait leur permettre d'économiser à terme 10 % sur les 13 milliards d'euros qu'ils dépensent à eux deux actuellement par an dans les achats d'équipements, des téléphones mobiles aux infrastructures de réseau. Un objectif très ambitieux mais « tout à fait réaliste », selon France Télécome;lécom qui en sera le premier bénéficiaire : il a chiffré ses économies potentielles à « moins de 900 millions d'euros » en 2014, contre « plus de 400 millions » pour Deutsche Telekom, un mécanisme de compensation étant prévu. La coentreprise aura son siège à Bruxelles et s'appuiera sur deux entités opérationnelles, l'une à Bonn, l'autre à Paris, employant au total 200 à 250 personnes.À valider par les autorités« Ce n'est pas un joint-venture de plein exercice mais un JV coopératif. Le droit européen ne nous impose pas de soumettre le projet à la Commission, nous allons toutefois l'en informer pour avoir sa bénédiction », explique un responsable de France Télécome;lécom. En revanche, les deux opérateurs devront soumettre leur accord aux autorités de la concurrence en Allemagne, en Pologne, en Autriche, en Roumanie et en Slovaquie, pays où ils sont présents tous les deux ; ils espèrent obtenir leur feu vert durant l'été et monter l'entité commune au quatrième trimestre.Trois ans après la fusion avortée entre France Télécome;lécom et le nordique TeliaSonera, projet de Didier Lombard très mal perçu par les marchés financiers, « cet accord rend inopportune une forme plus poussée de collaboration », estime un analyste. D'ailleurs, « les fusions entre opérateurs européens apportent peu de synergies et sont très compliquées sur le plan politique et social », relève un autre expert, sans parler des fourches Caudines de Bruxelles, la Commission se montrant souvent plus sévère que l'antitrust américain.Si le syndicat CFE-CGC Unsa de France Télécome;lécom s'est inquiété des conséquences du projet sur l'emploi, citant les 1.200 suppressions chez Everything Everywhere, la CFDT a souligné « l'enjeu stratégique européen majeur » de l'accord et l'intérêt de « l'approche synergique allemande dans le domaine des relations entre industriels, fournisseurs et opérateurs ». Les deux opérateurs ont prévu de poursuivre leur coopération dans d'autres domaines, comme le machine to machine, l'itinérance, le wi-fi, etc. Pour autant, France Télécome;lécom et Deutsche Telekom restent concurrents dans les services aux entreprises, via leurs filiales Orange Business Services et T-Systems. Les synergies dans le domaine des achats les concernant seront donc « prudentes » à court terme et limitées à quatre projets pilotes, dans le stockage, les serveurs, la micro-informatique et les logiciels standards.
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