Le pic de consommation est peut-être bien derrière nous

Par latribune.fr  |   |  389  mots
Le cours de 147 dollars atteint au début de l'été 2008 par le pétrole a offert une tribune exceptionnelle aux partisans de la théorie du « peak oil ». Selon cette théorie, il y aura un moment ? entre 2015 et 2030 ? où la production mondiale va décliner du fait de l'épuisement des réserves de pétrole exploitables. Mais outre que cette théorie n'intègre pas les effets de la cherté du baril, qui rentabilise des gisements de pétrole non conventionnel (offshore, profond, sables et schistes bitumineux?) ou prolonge la vie de champs exploités, elle suscite la critique de ceux qui lui reprochent de faire peu de cas de l'évolution de la demande. Si, ces dernières années, la consommation s'est accrue, passant de 70 millions de barils par jour (mbj) en 1995 à 85 mbj aujourd'hui, il faut rappeler que cette hausse s'est accompagnée d'une bien plus grande efficacité du pétrole employé. C'est ce que pointe Eduardo Lopez, analyste de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), l'organisation qui conseille les pays de l'OCDE, qui absorbent 60 % pétrole consommé dans le monde. Selon ce spécialiste, cette efficacité, mesurée par l'intensité énergétique du produit intérieur brut mondial, s'est améliorée de 2 % par an depuis quinze ans. Si le plus facile a déjà été réalisé ? marginalisation du chauffage au fioul et des centrales électriques brûlant des produits pétroliers ?, il reste encore beaucoup à faire. À commencer par une mise aux normes japonaise et européenne du parc automobile des États-Unis, qui consomme près de 30 % de carburant supplémentaire par véhicule. Cela permettrait d'économiser 3 mbj d'essence, ce qui représente la consommation quotidienne actuelle d'un pays comme le Brésil ou l'Inde. La voiture électrique est aussi prometteuse. C'est sur elle que comptent ceux qui misent sur le phénomène de « leapfrog » dans les pays émergents : littéralement un jeu de saute-mouton à l'image de l?Afrique, longtemps privée de téléphonie fixe, qui accède directement aux mobiles. Durant les prochaines années, le surcroît de consommation de pétrole de la Chine et des autres pays émergents pourrait donc être moins déstabilisateur que prévu. En tout cas, excéder à peine la baisse de la demande des pays de l'OCDE. Christophe Tricaud