L'Outre-Mer, le ministère maudit qui fait déraper les politiques

« Je n'ai envie de servir qu'une population, la population guadeloupéenne ». Cette envie, la Guadeloupéenne Marie-Luce Penchard risque de la payer cher en perdant son ministère de l'Outre-Mer lors du remaniement qui suivra les élections régionales. Même si Nicolas Sarkozy, en visite aux Antilles cette semaine, a fait mine de dédramatiser les propos de sa ministre prononcés l'autre samedi lors de la campagne des régionales, l'Élysée et Matignon ne cachent pas leur agacement. De bonne guerre, la gauche a bien entendu saisi l'occasion de mettre en difficulté l'executif en réclamant la démision de l'inconséquente ministre. Gouvernement déstabilisé, présidence exposéeÀ vrai dire, ce n'est pas la première fois qu'un ministre en charge de l'outre-mer se trouve en situation difficile au point de déstabiliser l'ensemble du gouvernement. Le prédécesseur direct de Marie-Luce Penchard, Yves Jégo, n'a pas gardé un très bon souvenir de son passage rue Oudinot, siège historique du ministère de la « France d'outre-mer » avant de devenir celui de l'outre-mer tout court. Le 23 juin dernier, bien que sarkozyste historique, Jégo était remercié sans ménagement par François Fillon après quinze mois et quinze jours à avaler des couleuvres. Il a payé ainsi ses mauvaises relations avec Fillon, mais aussi la crise sociale de l'hiver 2009 en Guadeloupe et en Martinique, qui a contraint Sarkozy a s'exposer sur le dossier. Malgré ses allers-retours sur place et ses appel au dialogue entre toutes les parties, Jégo n'a jamais vraiment été en situation de pouvoir résoudre la crise. Les protagonistes, indépendantistes, élus locaux, socio-professionnels... négociaient directement avec les collaborateurs de Matignon et surtout de l'Élysée. Le poids de la loi GirardinL'Outre-Mer porte-t-il la poisse ? Avant Jégo, un autre sarkozyste, Christian Estrosi, avait préféré démissionner du poste pour se consacrer à sa bonne ville de Nice. Quelque temps auparavant, le villepiniste Hervé Mariton avait à peine installé ses affaires rue Oudinot qu'il avait dû la quitter pour cause d'élection présidentielle. Nommée par Jacques Chirac à ce poste en 2002 après avoir suivi les affaires ultramarines comme conseillère à l'Elysée, Brigitte Girardin est restée, elle, trois ans en poste. Un long passage qui lui a permis de faire voter une loi à son nom favorisant les investissements outre-mer à coup de déductions fiscales. Mais depuis, elle porte comme un poids cette « loi Girardin » devenue synonyme d'avantages fiscaux pour les plus fortunés très coûteux pour les contribuables. Des crises politiques fatalesExactement ce qu'il ne fallait plus faire, a estimé Nicolas Sarkozy lors de la crise de 2009... D'autres ministres ne se sont jamais remis de leur passage à l'Outre-Mer. En 1983, le socialiste Georges Lemoine, à qui l'on prédisait un bel avenir politique, n'a jamais pu rebondir après avoir été en charge de l'Outre-Mer alors que débutaient les événements de Nouvelle-Calédonie. Quant à son successeur RPR en 1986, Bernard Pons, il a traîné jusqu'à la fin de sa carrière politique la mort de 20 personnes dans la grotte d'Ouvéa...
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