Washington prend pied en Algérie

Il ne se passe pas une semaine ou presque sans qu'un sujet de discorde ne vienne troubler les relations entre Paris et Alger. Après le dépôt d'une « proposition de loi criminalisant le colonialisme français », soutenue par le Front de libération nationale (FLN), majoritaire à l'Assemblée populaire nationale, ou encore la célébration du 50 ème anniversaire des premiers essais nucléaires français dans le Sahara algérien, l'Algérie manifeste également son mécontentement concernant l'accord d'association avec l'Union européenne (UE), entré en vigueur le 1 septembre 2005. Déséquilibre commercialLe ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, a récemment accusé l'UE de ne pas tenir ses engagements. « L'UE n'a pas aidé l'Algérie à adhérer à l'OMC (Organisation mondiale du commerce), comme convenu. Plus grave, les pays qui s'opposent à notre adhésion à l'OMC font partie de l'UE, alors qu'ils sont censés être nos meilleurs partenaires », a déploré le ministre.L'Algérie reproche aussi à l'Union de durcir les conditions de circulation des personnes et se plaint du déséquilibre dans les échanges commerciaux. « Pour 1 dollar exporté vers l'UE, l'Algérie importe pour 20 dollars », a résumé Mounir Zaâf, directeur général du Commerce extérieur au ministère algérien du Commerce. Les importations en provenance des pays européens sont passées de 11,2 milliards de dollars en 2005 à 20,8 milliards de dollars en 2008.Approvisionnements en gazL'Algérie, troisième fournisseur de gaz naturel de l'UE, avec une part de marché de 19%, dénonce aussi les taxes européennes antidumping appliquées à ses engrais, justifiées à Bruxelles par leur production à partir de gaz subventionné. En fait, l'UE exige d'Alger la fin de la subvention du prix du gaz destiné à l'industrie. De son côté, l'Algerie refuse de satisfaire les demandes de l'UE, qui veut sécuriser ses approvisionnements en gaz. Elle lie la conclusion d'un accord stratégique dans l'énergie avec l'Union à la libre circulation des personnes. Profitant du climat délétère entre Paris et Alger, Washington pousse ses pions. Le conseiller général adjoint au Département américain du Commerce, Nicole Lamb-Hale, s'est rendu dans la capitale algérienne la semaine dernière, accompagnée d'une forte délégation de représentants d'entreprises américaines (Boeing, Electrolux ou Motorola). « Les États-Unis veulent renforcer leurs relations commerciales avec l'Algérie et ma présence dans ce pays à la tête d'une délégation de 24 compagnies américaines en est la meilleure preuve », a-t-elle affirmé au cours d'une conférence de presse. L'ambition américaine est on ne peut plus claire.
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