« Le marché chinois du loisir en est à ses tout débuts »

Par latribune.fr  |   |  733  mots
Pourquoi le Club Med fait-il de la Chine l'un de ses axes prioritaires ?En ouvrant en Chine, nous ne cédons pas à une mode. Le Club Med est présent en Asie du Sud-Est depuis trente ans, c'est-à-dire depuis l'ouverture de son village de Cherating Beach en Malaisie. Depuis 2003, c'est-à-dire après que les autorités chinoises eurent autorisé les voyages individuels. Nous avons ouvert des représentations commerciales à Shanghai, Beijing, Guangzhou et nous débutons Chengdu. Cette phase d'observation nous a appris une chose : les clients d'Asie se plaisent au Club Med ! Sur notre segment qui se concentre sur les hôtels quatre et cinq étoiles, la demande progresse de plus de 30% par an. Dans nos villages de Thaïlande (Phuket), Indonésie (Bali) et des Maldives, nous recevons 10 à 15% des Chinois qui se rendent dans ces pays. Le Club est la seule offre de vacances en « resort » animé, avec une formule tout compris, et une prise en charge totale du client.Quels sont les enjeux du Club Med en Chine ?La Chine devrait devenir notre deuxième marché d'ici à cinq ans, derrière la France. Notre objectif est de compter 200.000 clients chinois en 2015. Ils étaient 23.000 en 2009, en croissance de 24 % par rapport à 2008, et sur les six premiers mois de 2010, le nombre de GM chinois progresse de 40 %. D'ici à 2015, nous voulons ouvrir cinq villages dans le pays. Nous débutons avec un village neige à Yabuli. Cette station constitue une excellente vitrine pour le Club Med car c'est là que s'entraîne l'équipe de ski chinoise et qu'est organisé, chaque année, ce qui pourrait se comparer au « Davos chinois » et qui réunit les entrepreneurs du pays. Le marché du ski est naissant en Chine, comme il l'était en Europe en 1957 lorsque le Club Med a ouvert son premier village de montagne à Leysin, en Suisse. Ce sport est encore exotique pour les Chinois et la formule du Club Med, basée sur l'apprentissage ludique, est particulièrement bien positionnée. Reste à savoir à quel rythme se développera cette pratique en Chine. S'il le faut, nous pourrons accélérer notre développement car nous sommes extrêmement sollicités. Quelle clientèle visez-vous en Chine ?Le potentiel du Club Med est gigantesque au vu des chiffres du tourisme en Chine. Chaque année, 40 millions de Chinois partent en voyage à l'étranger et, surtout, 2,1 milliards voyagent à travers le pays. À titre de comparaison, un pays comme le Brésil enregistre « seulement » 187 millions de voyages domestiques. La Chine a connu un incroyable développement de ses infrastructures ferroviaires et aériennes, c'est un atout. Dans ce marché, notre objectif de 200.000 clients ne représente à vrai dire que 0,2 % des 7 % des Chinois les plus riches. Cette clientèle s'ouvre aux vacances mais elle n'en a pas encore la pratique. Les Chinois disposent de trois semaines de vacances par an et ils morcellent leurs séjours. Ces derniers se limitent en moyenne à 3,5 jours au lieu de 7 jours en Europe. Les Chinois voyagent d'abord à l'occasion de leurs voyages de noces, puis en couple et enfin en famille. Aujourd'hui, plus de la moitié de nos GM chinois voyagent en famille, contre une moyenne de 60 % pour le reste de nos clients.N'avez-vous pas peur d'être rapidement confronté à une concurrence d'hôtels-clubs chinoise ?Il n'y a pas qu'en Chine que nous avons été « imités »... sans être égalés. Sur notre positionnement haut de gamme, convivial et multiculturel, nous pensons être assez difficilement imitables car cela implique d'être capable d'aller chercher des clients du monde entier et de recruter des GO, gentils organisateurs, internationaux. C'est notre aspect le plus différenciant et ce qui plaît à notre clientèle chinoise. Le Club Med devra se développer sans avoir à se brader ou se banaliser pour répondre aux attentes des clients chinois. Mais ce que je retiens avant tout, c'est que le secteur des vacances est appelé à un très grand développement en Chine et à une forte concurrence. Nous avons l'avantage d'être le premier à proposer une offre, d'être numéro un des vacances tout compris et, depuis juin, la chance d'avoir avec Fosun un partenaire (et actionnaire !) chinois. Fosun est l'un des plus importants conglomérats privés et va jouer un rôle de premier plan dans la mise en oeuvre de notre stratégie, en Chine notamment. Propos recueillis par Héléna Dupuy