Et si les services nous aidaient à gagner la bataille pour l'industrie ?

Par latribune.fr  |   |  847  mots
La semaine passée, le président François Hollande est intervenu pour annoncer «34 plans de bataille» pour défendre l\'industrie. L\'objectif : \"Recréer les emplois industriels qui ont été détruits lors de la précédente décennie.\" On se réjouit de l\'enthousiasme de cette politique volontariste. Pour autant, la réussite des \"34 plans\"  relève-elle de la seule logique industrielle ? Comment faire pour intégrer les services dans cette démarche et leur donner toute la place qu\'ils méritent ?Derrière le rideau des réussites industriellesLes réussites comme Velib ou Autolib, Nespresso ou Apple, la mutation « copernicienne » d\'entreprises comme IBM ou Xerox montrent que l\'enjeu de la réussite industrielle tient dans le service. Derrière le rideau, chacune de ces réussites révèle une autre clé de la réussite industrielle : l\'innovation technologique doit être enrichie par une véritable culture de l\'innovation et du design de service. A cela s\'ajoute un autre constat incontournable : le développement des services constitue aujourd\'hui le levier majeur de création des emplois. Prenons en compte la révolution des services : il y a une véritable complémentarité entre industrie et service et toute opposition est devenue stérile comme nous l\'avons souligné dans une note publiée à l\'Institut Choiseul.  Un monde de servicesEn 2011, la part de l\'industrie dans la valeur ajoutée totale ne représenterait plus que 12,6% en France, alors qu\'elle représente encore 26,2% en Allemagne. Si on compare avec le secteur des services, on constate que ceux-ci sont passés de 60% de la part du PIB allemand en 1989 à 73% en 2009, soit une progression de 22%. En France, pour la même période, la part des services n\'a progressé que de 16% (source The World Bank Group). D\'une manière générale, la part de l\'industrie dans les deux pays ne cesse de baisser, alors que les services, eux, progressent. Mais la Révolution des services ne s\'arrête pas aux frontières de l\'Europe. La mondialisation des services est en route ! Ainsi, comme le souligne une étude du cabinet Oliver Wyman \"La mondialisation des services est une révolution aussi remarquable que celle qui a touché l\'industrie après 1973. Elle va déboucher sur une économie de l\'immatériel, structurée sous la forme de réseaux mondiaux de services\". On voit apparaître de nouveaux leaders et dans les dix années qui viennent des pays comme la Chine, l\'Inde, le Brésil ou encore l\'Afrique du Sud, auront rattrapé leur retard en la matière. On estime la valeur des services à 40 milliards d\'euros de PIB dans les pays émergents dans les dix années à venir. Cela nous laisse donc dix années avant que ces «nouveaux concurrents» ne prennent le lead sur le marché mondial des services.Multiplier les initiatives sectoriellesComme l\'a rappelé le président François Hollande \"L\'Etat n\'a pas à se substituer à l\'initiative privée car ce sont les industriels qui connaissent les marchés, les clients, les technologies. Il lui revient de définir un cadre, d\'accompagner et de stimuler\". Ces paroles pourraient tout à fait être transposées au secteur du service. On connaît les mesures à prendre pour aider ce dernier à se développer en France. La Commission permanente de concertation des services a insisté sur la nécessité d\'adapter le droit du travail aux conditions des professionnels du secteur, de repenser la fiscalité, d\'inciter l\'emploi et d\'améliorer la formation initiale (sait-on, par exemple, que les métiers de l\'hôtellerie recherchent plus de 60.000 nouveaux emplois réservés aux débutants !) et continue....Pour ce qui concerne maintenant les démarches volontaristes, il est impératif de se mettre au niveau de nos voisins européens. L\'Allemagne, leader des services en Europe, a porté au niveau européen, une norme sur l\'excellence du service et l\'enchantement client rédigée initialement par les constructeurs auto (Porsche, Audi...). Il est essentiel également d\'investir dans le design de service et l\'innovation. La Finlande a investi 100 millions d\'euros sur 6 ans pour soutenir tout type d\'innovation de service. Le pouvoir politique peut beaucoup pour aider au développement du secteur.En France, il nous apparaît évident qu\'un secteur tel que le tourisme, par exemple, aurait besoin d\'une mobilisation générale de tous les acteurs autour du savoir accueillir et de l\'esprit de service... Multiplions les initiatives sectorielles : prix du design de service du Groupe La Poste, les Prix de l\'Innovation de la Ville de Paris et bientôt les trophées de La Fête des Services et continuons de nous mobiliser au travers de la Commission Nationale des services, du Groupement des professions de services ou encore de la Marque France et de France 2020. Sans aucun doute le message finira par être entendu des politiques.