L'État fixe des objectifs à La Poste

courrierPlus de 300 cadres de La Poste, membres du comité exécutif et directeurs territoriaux, s'étaient déplacés hier au ministère de l'Économie à Paris, à l'appel du ministre chargé de l'industrie, Christian Estrosi. Certains s'y rendaient avec une certaine anxiété : les invitations avaient été envoyées en fin de semaine dernière, laissant penser qu'une annonce exceptionnelle allait être faite, la veille de l'examen du projet de loi devant la commission économique du Sénat. La presse aussi était conviée. « On me dit que cette invitation est inhabituelle. Je me dis qu'il n'est pas anormal de recevoir les gens de La Poste. Cette invitation est lancée quand s'engage devant le Parlement un grand débat. Nous devons dire à tout le monde de quoi demain sera fait, alors que tout a été entendu », a déclaré hier après-midi Christian Estrosi, devant son auditoire. Estimant que La Poste joue actuellement son avenir et sa survie, à l'heure de l'explosion des échanges électroniques et de la fin du monopole sur le courrier de moins de 50 grammes, programmée pour le 1er janvier 2011, le ministre est convaincu qu'il « faut lui donner sa chance et montrer que le modèle à la française d'une entreprise 100 % publique et performante peut marcher ».le statut en préalableChristian Estrosi a donc clairement positionné l'État en tant qu'actionnaire de La Poste et non pas simple organisme de subvention. « L'investissement massif du gouvernement dans La Poste n'est pas un chèque en blanc. La Poste va devoir nous rendre des comptes en échange des 2,7 milliards d'euros apportés. » De fait, le changement de statut, qui devrait intervenir le 1er janvier 2010 si le débat parlementaire se déroule dans les temps, est le préalable à une augmentation de capital de 2,7 milliards d'euros ? 1,2 milliard versé par l'État et 1,5 milliard par la Caisse des dépôts et consignations. Jean-Paul Bailly, président du groupe, réfléchit aussi à la possibilité d'avoir un actionnariat salarié.Le ministre a proposé d'ajouter trois objectifs majeurs à la feuille de route du patron de La Poste. Le premier concerne le bien-être des collaborateurs et devra pouvoir se mesurer. « Les hommes et les femmes ne doivent pas être une variable d'ajustement », a précisé Christian Estrosi, soucieux de mettre en garde La Poste et de la préserver du syndrome France Télécome;lécom. Le second objectif concerne l'amélioration de la qualité des relations avec les élus. « Les élus, qui sont les représentants du peuple français, ont l'impression d'être informés plus que consultés », a-t-il souligné. Enfin, Christian Estrosi a exhorté La Poste à s'ouvrir aux Français. « J'ai besoin qu'on vous entende. » Il est vrai que l'opérateur est resté plus que discret ces derniers temps. Et que l'on a davantage entendu les opposants à son changement de statut. Après le succès de la « votation populaire » du 3 octobre, l'épreuve de force se poursuit d'ailleurs. Ce matin, seront présentées par des socialistes, communistes, et Verts, les initiatives parlementaires « pour combattre le projet de loi et la privatisation de La Poste ». n La Poste va devoir nous rendre des comptes en échange des 2,7 milliards d'euros apportés.
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