Après Hollywood, les réalisateurs s'alarment du piratage sur Internet

Par latribune.fr  |   |  547  mots
Jusqu'ici, du côté du cinéma américain, le combat contre le piratage des films sur Internet était mené par les grands studios d'Hollywood, représentés par la Motion Picture Association. Mais désormais, alors que plusieurs studios ont enregistré de mauvais résultats, que les ventes de DVD plongent, que les dirigeants de Disney Pictures et d'Universal Pictures viennent d'être remerciés, la panique gagne les réalisateurs.La conséquence implacable des difficultés économiques d'Hollywood et de la raréfaction des fonds pour financer les films indépendants est l'absence de prise de risque des studios. « Il y a moins de films intéressants », déplore le réalisateur Steven Soderbergh (« Sexe, mensonges et vidéo », « Ocean's Eleven », « Che », « The informant »), vice-président de la Guilde des réalisateurs américains (DGA), de passage en France la semaine passée à l'occasion des Rencontres cinématographies de Dijon, organisées par la société des auteurs réalisateurs producteurs (ARP).destructions d'emploisUne situation liée à la conjugaison de la crise financière, d'une gestion des studios focalisée sur des résultats trimestriels et perdant de vue le caractère risqué de l'activité, et enfin, du piratage. Si la piratage physique (la copie des DVD) a été combattue avec succès aux États-Unis, « on ne peut en dire autant sur Internet. Nous sommes en retrait par rapport à la France ou à la Grande-Bretagne », expliquent à « La Tribune » Steven Sodelbergh et Jay Roth, directeur de la Guilde des réalisateurs.La lutte contre la piratage est très loin d'être gagnée, y compris dans les esprits outre-Atlantique, à en croire le syndicat des réalisateurs américains. « Nous essayons de montrer qui est touché, d'expliquer que beaucoup d'emplois dans le cinéma sont détruits, mais c'est difficile. Hollywood et les acteurs sont perçus comme un univers de riches. Nous voulons parvenir à rendre le débat public entre artistes, fournisseurs d'accès et administration », expliquent-ils. La Guilde a rencontré la Commission fédérale des communications (FCC) pour se faire entendre dans le débat en cours sur la neutralité du Net, ce principe selon lequel tous les services et contenus doivent être transportés sans discriminations (de débit, de prix) sur Internet. « Nous sommes pour un Internet libre et ouvert, mais notre question est de savoir si les contenus peuvent être protégés contre le vol », poursuit Steven Soderbergh.Pour la Guilde des réalisateurs, la question de la lutte contre le piratage dépasse les frontières américaines. En effet, le cinéma américain réalise une grande part de ses recettes hors des États-Unis. Si les réalisateurs s'impliquent désormais davantage sur ce sujet, c'est aussi parce que l'exploitation légale des films sur Internet a déçu leurs espoirs. Alors que leur syndicat professionnel a conclu un accord rémunérant les exploitations secondaires des films sur les nouveaux médias, « nous avons collecté moins de 1 million de dollars venant de ces nouveaux services en 2008, contre 250 millions de dollars venant des médias et supports traditionnels », confie Jay Roth. n Les réalisateurs s'impliquent désormais davantage sur ce sujet, parce que l'exploitation légale des films sur Internet a déçu leurs espoirs.