Faut-il avoir peur des nanotechnologies  ?

En quelques années, les nanotechnologies sont passées de la recherche fondamentale aux applications bien concrètes. Quelque 800 produits incorporent aujourd'hui des éléments nanostructurés. Et d'autres sont en phase de développement dans des domaines aussi variés que la santé, l'énergie ou le traitement de l'eau. Certains spécialistes comparent l'émergence des nanotechnologies avec des innovations de rupture comme l'invention de l'électricité ou celle du moteur à explosion ! Le formidable bond technologique de ces trente dernières années a permis de modifier l'agencement de la matière à l'échelle de l'atome (le nanomètre correspond à un milliardième de mètre). Un atome est 500.000 fois plus fin qu'un trait de stylo.L'incorporation de nanoparticules dans des matériaux existants permet d'en améliorer les caractéristiques chimiques et physiques : un béton nanostructuré sèche plus vite qu'un béton ordinaire, une raquette de tennis constituée de nanotubes de carbone est plus légère, plus souple et plus résistante, les nanocristaux d'argent sont utilisés comme barrière antimicrobienne par les fabricants de pansements?Si les nanotechnologies n'ont pas encore envahi l'industrie alimentaire, les secteurs des cosmétiques, du textile ou certains médicaments anticancéreux intègrent des produits nanostructurés. Les effets sur l'organisme sont encore peu connus, tout comme leur impact sur l'environnement du fait de la dispersion de nanoparticules dans l'atmosphère. Révolution invisibleUn des engagements du Grenelle de l'environnement était d'ouvrir un débat national sur les développements de ces nouvelles technologies pour lister les problèmes de santé publique et les questions éthiques qu'elles soulèvent mais aussi pour informer les Français des avancées de cette révolution invisible.Huit ministères ont chargé la Commission nationale du débat public d'organiser des réunions publiques d'information dans dix-sept villes (lire ci-dessous). Le sujet est encore largement méconnu du grand public. « La grande difficulté va être que les Français s'approprient le débat », s'inquiétait le ministre de l'Écologie, Jean-Louis Borloo, lors de la présentation de ce dispositif. Il table sur la participation de 10.000 à 15.000 personnes pour l'ensemble des débats. La première réunion a eu lieu jeudi dernier à Strasbourg et a rassemblé moins de 300 personnes. Une deuxième se tient aujourd'hui à Toulouse et la dernière se déroulera à Paris le 23 février 2010.Les industries à la recherche d'un nouveau souffle attendent beaucoup des nanotechnologies. Les estimations les plus optimistes prévoient que le marché mondial de l'industrie des nanotechnologies atteindra 1.800 milliards d'euros d'ici à 2015 et que des millions d'emplois seront créés dans le monde. Ces perspectives alléchantes suscitent une intense compétition en matière de recherche-développement menée par les États-Unis mais aussi la Chine et la Russie.Pour la France, il y a urgence à agir, car si la recherche fondamentale hexagonale est de bon niveau (la France se classait au 5e rang mondial des publications scientifiques en 2006), le transfert technologique reste médiocre (seuls 2 % des brevets mondiaux sont français). Les fonds consacrés par l'Union européenne aux nanotechnologies s'élevaient à 530 millions d'euros en 2006, à comparer au 1,7 milliard de dollars des États-Unis et au 1,6 milliard de dollars investis par les pays de la zone Asie (Japon, Corée du Sud, Chine, Taiwan, Inde). Les pouvoirs publics français semblent avoir pris la mesure du défi à relever (lire ci-contre), même si certains spécialistes redoutent que l'industrie française ait déjà raté le train.
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