Des anneaux à l'hémicycle

L'Assemblée nationale s'apprête à accueillir un député très particulier. David Douillet, élu dimanche dans la 12e circonscription des Yvelines, doit faire ses débuts aujourd'hui au Palais-Bourbon en posant sa première question au gouvernement. Hier, en début d'après-midi, le nouvel élu UMP s'est entretenu avec Bernard Accoyer, le président de l'Assemblée nationale. Ce dernier l'a rassuré quant à la place qui lui sera attribuée dans l'hémicycle : ce sera bien une travée ! « J'ai un ami député qui est aussi grand que moi. Il a négocié une rangée à l'extérieur. J'espère avoir cette chance sinon je vais souffrir », s'inquiétait ce week-end l'ancien judoka, qui mesure 1,96 mètres pour environ 135 kilos?Après avoir dompté les tatamis durant plus de dix ans, l'ancien double champion olympique de judo (1996 et 2000) se lance dans une reconversion que d'autres sportifs ont choisie avant lui. Parmi les plus illustres, Guy Drut, champion olympique du 110 mètres haies et membre du gouvernement Juppé de 1995 à 1997, ou Jean-François Lamour, champion olympique d'escrime et membre des gouvernements Raffarin puis Villepin de 2002 à 2007. Sans oublier les anciens ministres Maurice Herzog, Roger Bambuck et Alain Calmat ou l'actuel ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, ancien champion de moto dans les années 1970. Citons également, à un degré moindre, Henri Leconte et Guy Roux, respectivement conseillers municipaux à Levallois (Hauts-de-Seine) et Appoigny (Yonne).« comédie humaine »Pour Bernard Laporte, ancien entraîneur du XV de France devenu secrétaire d'État aux Sports de 2007 à 2009, il n'existe toutefois aucune passerelle entre les deux univers. « Tout le monde peut se lancer en politique. Que l'on soit chirurgien, chef d'entreprise ou sportif peu importe. L'important c'est d'avoir envie de se mettre au service des autres, assure-t-il. En temps qu'anciens sportifs, on amène peut-être un peu plus d'envie. Un sportif, c'est quelqu'un qui en veut et qui se bat. Et quand on va défendre des dossiers politiques il faut s'accrocher. »Une analyse que ne partage pas du tout Serge Simon, lui aussi ex-rugbyman, élu conseiller municipal d'opposition sur la liste socialiste de Bordeaux avant de démissionner deux jours plus tard. « Ce n'est pas parce qu'on est sportif qu'on va amener quoi que ce soit de plus au débat politique, assène-t-il. Je n'y crois pas une seconde ! Le poncif sur le sens du combat et la compétitivité, c'est du flan ! » Comme la plupart des autres sportifs, l'ancien pilier du Stade Français ne se destinait pas à une telle après-carrière. « On est venu me chercher, raconte ce proche de Noël Mamère et de Ségolène Royal. En rentrant dans ce milieu, j'ai été super déçu parce que ce n'est absolument pas glamour. La sphère politique est une comédie humaine permanente. » Une « comédie » dont Bernard Laporte, lui aussi propulsé du jour au lendemain sur le devant de la scène politique, ignorait à peu près tout avant d'en devenir un acteur. « Je n'étais pas du tout préparé à ça, se souvient l'ancien joueur de Bègles-Bordeaux. Un jour, Nicolas Sarkozy m'a dit : ?Si je gagne, tu seras mon ministre des Sports?. Il y a des choses dans la vie qui ne se refusent pas. »Alors à quand un ancien sportif à l'Élysée ? « Je pense que ce n'est pas utopique, affirme Simon. En France, on est capable de sortir des sentiers battus. Peut-être que je me trompe sur notre société, mais cela me paraît possible.  » n Lire également page 6 Alexandre Jaquin
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