SFR prêt à tout pour contrer le contrat d'Orange et Free Mobile

Par latribune.fr  |   |  562  mots
Orange est-il en mesure de co-contrôler Free Mobile? La question peut sembler baroque alors que la maison-mère de Free, Iliad, est contrôlée à près de 60% par son fondateur, Xavier Niel. Elle est cependant posée par SFR, qui a confirmé avoir saisi la Commission européenne, comme l’avait révélé Challenges, sur le contrat d’itinérance conclu entre Free et Orange par lequel le nouvel entrant loue le réseau de l\'opérateur historique en attendant d\'achever la construction du sien. Les services du commissaire européen à la Concurrence, Joaquin Almunia, ont aussi confirmé avoir reçu cette plainte. Parce que la très grande majorité du trafic des abonnés de Free Mobile continue de transiter sur le réseau d’Orange, plus de 85% selon les dernières estimations, malgré une couverture de la population de 37% du réseau mobile de Free au 1er juillet dernier selon l’Arcep, SFR conclut à une «acquisition de contrôle conjointe de France Télécom sur Free Mobile», de nature à entraver la concurrence.La plainte aurait peu de chance d’aboutir«C’est grotesque!», commente un professionnel du secteur. «Cette plainte n’a pas beaucoup de chance d’aboutir», considèrent les analystes d’Oddo. Aux yeux de nombreux experts du secteur, SFR cherche surtout à connaître à tout prix les conditions commerciales de cet accord, que les dirigeants de la filiale de Vivendi soupçonnent en privé d’être «affolantes» : le PDG de France Télécom «Stéphane Richard est allé négocier seul, sans personne des réseaux, car les équipes n’auraient jamais accepté de telles conditions qui ont permis à Free de sortir des prix aussi bas, en particulier sur la data», avance un membre du comité exécutif de SFR. A Bercy, on ne croit pas à ce fantasme de tarifs excessivement favorables : «en 2G, Orange n’était pas le mieux-disant. Le problème c’est la durée du contrat: il ne faut pas que Free se repose dessus trop longtemps» fait valoir un haut fonctionnaire. L’Autorité de la Concurrence a d’ailleurs été saisie pour avis sur ce contrat d’itinérance (et la mutualisation des réseaux), avis attendu fin février.Montée en puissance du trafic sur le réseau de Free en janvierDe son côté, SFR espère que «le contrat d’itinérance avec Orange comprend une clause, un rendez-vous d’étape à 5 millions de clients, permettant de revoir les conditions financières, sinon c’est quoi, la limite?» Free Mobile, qui a annoncé 4,4 millions d’abonnés à fin septembre, aurait déjà dépassé les 5 millions. Dès le mois prochain, le volume de trafic de Free Mobile devrait passer davantage sur son propre réseau, peut-être à plus de 25% tout en restant majoritairement sur celui d’Orange, du fait de l’attribution au nouvel opérateur de fréquences 900 Mhz en zones denses (dans les grandes villes Paris, Lille, Strasbourg, Lyon, Nice, Marseille, Toulouse et Bayonne), qui vont améliorer la couverture en particulier dans les bâtiments. Par ailleurs, l’Agence nationale des fréquences (ANFr) doit prochainement rendre public le premier observatoire des infrastructures mobiles, à début décembre, qui montrerait selon une source proche du dossier une accélération sensible du déploiement des antennes de Free Mobile….