Le tabou d'une restructuration de la dette grecque vacille

La Grèce est une économie sous perfusion depuis que la zone euro et le FMI se sont engagés à lui fournir 110 milliards d'euros sur trois ans pour financer ses déficits publics. En contrepartie, Athènes s'applique une cure d'austérité sans précédent. Le patient respire mais il n'est pas sorti d'affaire. « La Grèce n'évitera sans doute pas une restructuration de sa dette après la mi-2013 », estime les économistes d'Amundi Asset Management. Ce diagnostic partagé par de très nombreux économistes repose sur l'idée que l'économie grecque - dont la compétitivité s'est très fortement dégradée au fil des années - ne renouera jamais avec une croissance suffisamment élevée pour venir à bout d'une dette qui dépasse aujourd'hui 160 % du PIB. L'idée d'une restructuration de la dette grecque a jusqu'ici été vigoureusement écartée par les pays créanciers, en tout premier lieu l'Allemagne. Mais le tabou est en train de tomber. Selon l'hebdomadaire allemand « Die Zeit », le gouvernement fédéral allemand se prépare à une restructuration de la dette grecque, mais aussi de la dette irlandaise. L'agence Reuters cite pour sa part un haut fonctionnaire qui confirme que Berlin « a commencé à penser l'impensable ». L'information a été démentie officiellement par le ministère des Finances qui affirme que cette option « ne fait pas partie des discussions actuelles » et qui ne s'agit là que de « rumeurs ». Les langues se délientMais l'atmosphère a changé outre-Rhin et les langues se délient. Ainsi, jeudi le président du conseil économique de la CDU, Kurt Lauk a invité les dirigeants européens à « abandonner le tabou de la restructuration de la dette grecque et a réalisé l'analyse qui convient pour examiner où cela peut nous mener ».Lars Feld, professeur à Fribourg-en-Brisgau et nouveau membre du conseil des 5 sages qui conseille le gouvernement sur l'économie, estime d'ailleurs ce jeudi dans les colonnes du « Handelsblatt » que « la Grèce ne pourra s'en sortir sans renoncer à payer une partie de ses dettes ». C'est également l'avis du député libéral Hermann Otto Solms, pour qui une restructuration est le moyen de retrouver la stabilité pour la péninsule hellénique. Pourquoi l'Allemagne brise-t-elle ce tabou aujourd'hui ? La réponse réside en partie du côté des banques. Selon « Die Zeit », il s'agit d'ailleurs d'abord pour le ministère fédéral des Finances de préparer le système bancaire aux conséquences d'un défaut grec. Mais sans doute Berlin, en laissant s'embraser l'idée d'une restructuration, entend également se poser en position de force.
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