Le Conseil européen du risque systémique est baptisé mais encore sans idées

Ce jeudi à Francfort s'est tenu la réunion inaugurale du conseil d'administration du Conseil européen du risque systémique (CERS), nouvelle instance européenne de surveillance du système financier. Une séance au cours de laquelle il a beaucoup été question d'organisation et bien peu de risques financiers. Au reste, lors de la conférence de presse qui a suivi, le président du CERS, Jean-Claude Trichet, et les deux vice-présidents, le gouverneur de la banque d'Angleterre, Mervyn King et Thomas Huertas, le président provisoire de l'autorité bancaire européenne, avaient peu de choses à dire. Les principales décisions du jour ont été la mise en place des règles de fonctionnement et l'élection des quatre membres du comité de pilotage, les gouverneurs de la banque centrale polonaise et chypriotes et les deux candidats officieux à la présidence de la BCE (banque centrale européenne), Mario Draghi et Axel Weber. Et sinon ? « La réunion inaugurale n'avait pas été préparée puisque le comité de pilotage était encore à élire. Nous nous sommes donc contentés de discussions candides, mais sérieuses », a résumé Jean-Claude Trichet. Impossible de connaître le point de vue du Conseil sur les risques financiers du moment : banques, inflation ou crise de l'euro. Mervyn King a simplement affirmé que les membres du CERS étaient « conscient de la fragilité du système financier européen », mais qu'il s'agissait aujourd'hui « de poser les fondements de l'édifice ». Il faudra attendre la prochaine réunion le 18 mars, pour en savoir plus. Question d'identitéLe CERS pourra émettre des recommandations et des mises en garde sur les déséquilibres financiers capables de créer de nouvelles crises. Ces indications devront ensuite être prises en compte dans les législations nationales. Cette faiblesse n'effraie pas Jean-Claude Trichet pour qui « l'autorité doit être gagnée, elle n'est jamais acquise ». Reste une question qui inquiète beaucoup, en Allemagne notamment : la confusion entre la BCE et le CERS. Dirigé par le président de la BCE et logé par la BCE, le CERS verra son secrétariat assuré par la BCE. Mais que fera le CERS si la politique de la BCE fait peser des risques systémiques ? Et que fera la BCE si le CERS identifie des risques dont le règlement exige d'ignorer l'objectif de stabilité des prix ? Jean-Claude Trichet a éludé la question en insistant sur « l'indépendance » et l'expérience des banquiers centraux. La récurrence, ce jeudi, des questions de politiques monétaires prouve que le premier défi du CERS sera de définir rapidement son identité propre. Romaric Godin, à Francfort
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