Le vol de quotas de CO2 révèle les failles du système européen

La Commission Européenne a exigé jeudi que tous les registres de CO2 démontrent un niveau de sécurité suffisant avant leur réouverture, montrant du même coup les brebis galeuses du mécanisme. La DGCLimat avait imposé mercredi soir la suspension des échanges, après des vols de quotas dans 5 pays (Estonie, Pologne, Autriche, Grèce, Tchéquie) dont le montant restait flou jeudi. En plus de l'Europe des 27, l'Islande, la Norvège et le Liechtenstein participent au marché du CO2 européen. Le paradis fiscal coincé entre Allemagne, Suisse et Autriche est notamment dans le collimateur en raison de la gestion laxiste de son registre, qui abrite des centaines de participants pour un pays de quelque 30.000 habitants. La liste des intervenants du CO2 au Liechtenstein, consultée par « La Tribune », s'est notamment allongée depuis le début 2011 ; on y retrouve ainsi un français, autrefois inscrit sur le marché italien du CO2 fermé en décembre après un problème de fraude à la TVA. Et sur les 172 membres arrivés sur le marché en 2010, un seul indique une adresse au Liechtenstein, les autres étant domiciliés entre Paris et Hong-Kong en passant par les Seychelles, Lahore et Dubaï...Les intervenants s'attendaient, jeudi, à une reprise graduelle des échanges à partir du 26 janvier, alors que tous les marchés au comptant de CO2 dont Bluenext, le premier en volume, restaient fermés. Bluenext, principale place de marché du CO2 au comptant, a décidé de figer les quotas suspects et identifiés comme tels, dans le cadre de l'opération « Safe Harbor ». Liste rouge« Quand le marché reprendra, ils seront gelés sur un second compte attribué à chacun de la centaine de membres », indique François-Xavier Saint Macary, directeur général de Bluenext. Une initiative entreprise après consultation de la centaine de membres de la place de marché, dont les interventions se sont raréfiées depuis début décembre (cf graphique). « Et encore, ce n'est rien. C'est surtout sur le marché Over-The-Counter (de gré à gré) qu'il ne se passe plus rien depuis plusieurs semaines », assure un intervenant. Alors que Barclays avait jusqu'alors arrêté de traiter du CO2 au comptant, d'autres acteurs vérifiaient eux-mêmes le numéro de chaque quota après l'achat. Une opération complexe, puisque la liste rouge s'est allongée. Selon nos informations, les quotas volés en Tchéquie proviennent de 13 pays différents. Les montants totaux subtilisés restent incertains : la Commission évoquant 2 millions de quotas, au total, alors que la Tchéquie à elle seule aurait perdu 1 million de quotas dans la nature. Si certains pays pourraient voir leurs registres rouverts rapidement, les pays de l'Est les plus touchés par les vols, ainsi que les registres suspects risquent de devoir modifier leurs procédés en profondeur en attendant que l'Europe propose un registre centralisé en 2012.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.