Les groupes vertueux en matière d'emplois sont pénalisés

Les bons sentiments ne font pas toujours une politique économique. La preuve par l'exemple. L'idée défendue par Nicolas Sarkozy d'obtenir des entreprises qui distribuent des dividendes en hausse qu'elles octroient une prime à leurs salariés au nom de la défense du pouvoir d'achat reviendra à pénaliser les groupes qui ont choisi de maintenir de gros effectifs en France. À cet égard, la simulation réalisée par L'Expansion.fr est éclairante. S'intéressant uniquement aux entreprises du CAC 40 et partant de la double hypothèse que le montant de la prime serait de 1.000 euros et qu'elle ne serait due que par les entreprises dont les dividendes progressent, on parvient à la conclusion que seuls 24 groupes sur 40 auront à acquitter cette prime pour un montant total de 798 millions d'euros. Certains comme France Télécome;lécom, Total ou Vivendi, proposant un dividende inchangé, ne seraient pas concernés.PSA peu récompensé Mais pour les gros employeurs de l'Hexagone que sont GDF Suez, Vinci ou PSA Peugeot-Citroën, la facture est particulièrement salée. Plus du tiers du coût total de la prime leur incomberait. Si l'on prend le cas du secteur automobile. La comparaison est encore plus éclairante. Pour PSA Peugeot-Citroën, qui a annoncé mercredi le versement d'un dividende de 1,1 euro après deux années blanches, aurait à acquitter - sur la base de ses effectifs 2009 en France - la somme de 101 millions d'euros au titre de la prime. Dans le même temps, Renault qui n'emploie « que » 55.000 salariés en France n'aurait à verser que 55 millions à ses salariés travaillant dans l'Hexagone. Autrement dit, le groupe de Sochaux qui emploie 54 % de ses effectifs en France sera ponctionné près de deux fois plus que Renault dont seulement 42 % des salariés sont en France. Traditionnellement salué comme un bon élève en matière d'emploi, PSA n'est donc guère récompensé. Quant à l'État, actionnaire de Renault, qui hausse le ton quand le constructeur prévoit de délocaliser en Turquie la production de sa nouvelle Clio, il apparaît pour le moins schizophrène quand on le voit promouvoir une prime qui pénalise les groupes ayant choisi de produire en France. Très sévère vis-à-vis de la démarche de l'exécutif, Jean-Christophe Le Feuvre, président de Piana HR Group, considère qu'avec cette prime « le gouvernement jette le discrédit sur les politiques salariales des entreprises ». A. E.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.