Le combat des banques centrales contre l'inflation s'intensifie

Par latribune.fr  |   |  535  mots
Le monde sort petit à petit des politiques monétaires ultra accommodantes mises en place pour combattre la crise. Global, ce mouvement souffre bien entendu de quelques exceptions non négligeables, au premier rang desquelles figurent la Réserve fédérale américaine et la Banque du Japon. Mais les mesures visant à combattre les poussées inflationnistes et la surchauffe économique se multiplient. Dernière en date, la banque centrale brésilienne devait, selon les économistes, remonter dans la nuit de mercredi à jeudi son taux « Selic » de 11,75% à 12,25% pour combattre un taux d'inflation qui a atteint 6,44% sur un an à la mi-avril, selon les statistiques publiées ce mercredi. Ce qui devait être son troisième tour de vis depuis le début de l'année, et le sixième depuis avril dernier, quand la banque centrale avait décidé d'amorcer la remontée de ses taux face au retour de la croissance, qui a atteint un record de 7,5% l'an dernier.L'arme des tauxQuelques heures avant la banque centrale brésilienne, la Riksbank suédoise a elle aussi poursuivi la normalisation de sa politique monétaire en relevant pour la sixième fois consécutive son taux d'intérêt directeur de 1,5 % à 1,75 %. Soulignant la vitalité de l'économie suédoise, l'institution prévoit ainsi d'augmenter le taux directeur « graduellement » à 2,5 % début 2012 « pour stabiliser l'inflation autour de l'objectif de 2 % ». La banque centrale a estimé la croissance de l'économie à environ 5,5 % en 2010 et a revu ce mercredi en hausse sa prévision pour 2011 de 4,4 % à 4,6 %. « Bien que l'inflation sous-jacente reste modérée, la Riksbank s'attend à ce qu'elle augmente en raison des hausses de salaire », soulignent les experts de BNP Paribas. La banque centrale a notamment relevé de 2,5 % à 3,2 % et de 2,1 % à 2,8% ses estimations d'inflation pour 2011 et 2012.Outre l'arme des taux, qui renchérit le loyer de l'argent et contient ainsi la hausse du crédit, les banques centrales bénéficient d'une palette d'outils, dont le relèvement du ratio de réserves obligatoires des banques commerciales et que la Chine a actionné dimanche pour la quatrième fois cette année. Alors que le taux d'inflation officiel - contesté - s'est accéléré plus vite que prévu le mois dernier à 5,4 %, Pékin ordonne désormais aux plus grandes banques de bloquer 20,5% de leurs réserves, après avoir déjà procédé le 6 avril à la quatrième hausse de taux d'intérêt depuis octobre, pour porter son taux directeur à 3,25%. Et la banque centrale a fait savoir mardi qu'elle disposait encore d'une marge de manoeuvre «considérable» pour relever encore le ratio des réserves obligatoires. Fin février, la Russie avait procédé à sa première hausse de taux en plus de deux ans après avoir elle aussi usé de l'arme des réserves obligatoires. Depuis que la Banque de Réserve d'Australie a été en octobre 2009 la première banque centrale du G20 à relever son taux, alors à 3% et aujourd'hui à 4,75%, nombre de banques centrales l'ont rejointes. L'Inde a ainsi relevé ses taux à six reprises pour les porter à 6,75% depuis l'an dernier. Avec des taux toujours bloqués juste au-dessus de 0%, la Fed, la Banque du Japon et la Banque d'Angleterre sont désormais bien seules. Julien Beauvieux