Pétrole en Guyane : pourquoi le gouvernement est contraint de reculer

\"Il n\'y aura pas d\'annonce précise avant vendredi, après la formation du gouvernement Ayrault 2\", a précisé mardi le directeur de cabinet de Nicole Bricq à une délégation d\'élus guyanais, selon le quotidien \"France Guyane\" du 20 juin. Les élus, de tous bords politiques, favorables à une reprise rapide des opérations de Shell, devaient être reçus ce mercredi par le conseiller outre-mer de l\'Elysée. Dès mardi soir, ils ont cependant parus en grande partie rassurés par les explications fournies par le cabinet du ministre de l\'énergie, selon le quotidien local.Un revirement rapideSelon nos informations, une issue favorable au pétrolier pourrait être très vite annoncée. Shell France se refuse à tout commentaire. Mais dès vendredi dernier, la compagnie pétrolière affirmait \"désormais anticiper une solution satisfaisante\". Le gouvernement dispose, il est vrai, de peu de marges de manœuvres puisque Shell dispose d\'un permis d\'exploration en bonne et due forme. Jeudi, les ministres de l\'Energie et du Redressement productif, qui avaient la veille annoncé la \"suspension\" des permis d\'exploration, avaient dû le reconnaître. \"Il n\'est pas envisagé de remettre en cause les permis déjà octroyés pour la recherche de pétrole et de gaz conventionnel\", avaient-ils précisé dans un second communiqué.Un million de dollars par jourAprès cette spectaculaire annonce de \"suspension\", le revirement aura été très rapide. Peut être le gouvernement aura-t-il été sensible au coût de ce gel pour Shell. Un bateau spécial pour entamer la seconde phase d\'exploration est arrivé sur place mardi après midi. Son coût d\'immobilisation est estimé à un million de dollars par jour. Sans compter le délai d\'attente nécessairement très long si ce navire doit repartir sans avoir réalisé sa campagne. Après la découverte l\'été dernier de pétrole au large de la Guyane, à l\'issue d\'un forage exploratoire, Shell a prévu de réaliser deux autres forages en 2012 et deux autres encore, en 2013 pour cerner précisément les réserves potentielles d\'or noir. Deux arrêtés préfectoraux sont encore nécessaires pour lancer le deuxième forageUne mobiliation inédite des élus guyanaisPlus certainement, le gouvernement aura été attentif à la mobilisation immédiate des élus guyanais. \"En décidant de suspendre l\'exploration pétrolière au large de la Guyane, le gouvernement a réussi un coup de maître : parvenir à mettre tous les élus guyanais sur la même ligne de défense. Du jamais vu\", s\'exclamait la semaine dernière France Guyane. Vendredi, élus et représentants socio-processionnels adressaient à François Hollande un courrier réclamant la délivrance des derniers arrêtés.Un cadrage du Premier ministre, dès vendredi, est d\'ailleurs venu aligner les positions du gouvernement sur une position modérée. Le ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, a en effet publié ce jour-là un communiqué pour rappeler son \"attachement\" au projet. Et il soulignait lui aussi, tout comme Nicole Bricq et Arnaud Montebourg, qu\'il n\'était \"pas envisagé de remettre en cause les permis déjà octroyés pour la recherche de pétrole et de gaz conventionnel\". Le ministre précisait parallèlement dans un courrier à une députée PS de Guyane que ce communiqué avait été \"envoyé en plein accord avec le Premier ministre\".Une étude d\'impact jugée insuffisanteIl demeure que Shell va certainement être prié de faire un effort. En attendant la remise à plat du code minier lancée par le gouvernement pour renforcer les obligations financières, administratives et environnementales des opérateurs pétroliers, les élus guyanais ont d\'ores et déjà proposé \"qu\'une étude soit commandée (...) afin d\'évaluer l\'ensemble des mesures prises par Shell pour prévenir tout risque de pollution (...) et lui imposer une radicalisation desdites mesures si cela s\'avérait nécessaire\".Une proposition qui intervient alors que l\'ONG Robin des Bois dénonce ce mercredi que l\'étude d\'impact de Shell, que l\'association a pu consulter, lui semble \"minimale\". \"L\'étude d\'impact du cabinet Creocean (commandé par Shell ) aborde exclusivement le fonctionnement normal des forages\", souligne l\'ONG. Et \"quoique minimale, l\'étude de Shell /Creocean démontre que même si tout se passe bien, ça se passera mal pour un environnement marin fragile, productif et peu pollué\", ajoute l\'ONG, qui a passé au crible les données fournies par l\'étude.
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