L'Elysée redoute la division en 2012

Par latribune.fr  |   |  429  mots
« On traite ça par le mépris. » A l'UMP, la consigne est simple. Aucun des responsables du parti sarkozyste qui accompagnaient vendredi le chef de l'Etat à Londres pour la commémoration du 70e anniversaire de l'appel du 18 juin n'a voulu commenter l'offensive de Dominique de Villepin. « Qu'il paye sa cotisation à l'UMP ! » a lancé Xavier Bertrand, le secrétaire général du parti présidentiel. Mais en réalité, Nicolas Sarkozy suit avec attention les premiers pas partisans de son éternel rival. Et la contre-offensive a déjà été engagée. Sur le plan idéologique tout d'abord. Pas question de laisser à l'ancien Premier ministre l'héritage gaulliste. Le chef de l'Etat a donc consacré sa journée de vendredi au chef de la France libre. Déplacement à Londres le matin, après-midi au mont Valérien, près de Paris. Par ailleurs, la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, a été encouragée à raviver la flamme de sa petite association gaulliste, Le Chêne. Nicolas Sarkozy tente aussi d'isoler le président de « République solidaire » en exerçant une pression sur les députés qui sont proches de lui. En quelques semaines, une dizaine d'élus ont été conviés à l'Elysée pour se voir rappeler le devoir de solidarité majoritaire. L'un d'eux, Hervé Mariton, député de la Drôme, a déserté les rangs villepinistes. Risque de « giscardisation »Enfin, même si personne n'en parle ouvertement, le camp sarkozyste compte sur une condamnation en appel de l'ancien Premier ministre, lors du nouveau procès Clearstream au printemps 2011, pour fermer définitivement la porte à une aventure élyséenne. Car une candidature Villepin ferait courir à Nicolas Sarkozy le risque d'une « giscardisation » en 2012, explique un responsable de l'UMP, qui rappelle que Valéry Giscard d'Estaing avait été très affaibli par la candidature de Jacques Chirac en 1981. « Les chiraquiens ont fait campagne contre Giscard, sans s'en cacher, et au final c'est Mitterrand qui a gagné. » Nicolas Sarkozy doit également contrer la multiplication d'éventuelles candidatures dissidentes à droite pour sauvegarder la martingale gagnante de 2007 ? un premier tour en force au-dessus de 30 % des voix. Le centriste Hervé Morin est dans le viseur du chef de l'Etat, qui du coup s'est rapproché de François Bayrou. Et les stratèges de l'Elysée sont très vigilants vis-à-vis de Marine Le Pen. La candidate « moderne » d'un Front national « light » et plusieurs candidats de droite risqueraient de provoquer un « 21 avril à l'envers », l'élimination au premier tour du président sortant. Un scénario noir pour Nicolas Sarkozy. H. F.