La Grande-Bretagne à la veille d'une rigueur drastique

Par latribune.fr  |   |  461  mots
La Grande-Bretagne s'attaque de front à son énorme déficit. Ce mardi, le très attendu budget d'urgence sera présenté par le nouveau gouvernement. Objectif : « réduire substantiellement » le déficit, qui devrait s'élever à 10,5 % du PIB cette année (avril 2010-mars 2011), selon les prévisions officielles britanniques.George Osborne, le chancelier de l'Echiquier, sait qu'il est attendu au tournant par les marchés financiers, tout particulièrement par les agences de notation. Standard & Poor's, qui a mis sous surveillance négative le AAA britannique depuis mai 2009 a annoncé qu'elle prendrait une décision sur la note après le budget.Que va faire George Osborne ? Il a pris soin de ne pas révéler jusqu'à présent son objectif exact. Mais s'il veut respecter sa promesse électorale, il doit supprimer le déficit structurel d'ici 2014-2015. Selon l'Institute for Fiscal Studies (IFS), cela signifie une réduction du déficit de 5 % de PIB. Soit 85 milliards de livres (100 milliards d'euros) à trouver.budgets « protégés »Une partie devrait venir d'une hausse des impôts. Une hausse de la TVA semble désormais acquise. La plupart des économistes parient sur une hausse de 17,5 % à 20 %, à partir de janvier 2011.Une augmentation de l'impôt sur la plus-value sur le capital sera également annoncée, exigée par les libéraux-démocrates dans l'accord de coalition. L'objectif est d'aligner son taux (actuellement de 18 %) sur celui de l'impôt sur le revenu (sur la tranche moyenne de 40 %).Les conservateurs ont cependant promis que l'essentiel de la réduction du déficit viendra de la baisse des dépenses. Le problème est que plusieurs budgets sont « protégés », suite à des promesses électorales destinées à recentrer les conservateurs sur l'échiquier politique. En particulier, celui de la santé, qui représente 17 % des dépenses de l'État, doit augmenter en termes réels chaque année. Le reste des dépenses seront affectées plus que proportionnellement et devraient être réduites de 9,4 % par an, selon l'IFS. « Certains ministères vont faire face à des réductions annuelles d'au moins 20 % », estime Howard Archer, économiste à Global Insight. réduction d'emplois inévitableLesquels ? La défense, hors ses opérations en Afghanistan, pourrait être sévèrement touchée. « Une réduction majeure d'emplois dans le secteur public semble inévitable, les salaires et les retraites de la fonction publique seront concernés aussi », précise Howard Archer. Pourtant, le gouvernement britannique doit prendre garde à ne pas couler l'économie, avertit un rapport de Chatham House. Si la réduction des déficits est trop brutale, et étouffe la reprise, la Grande-Bretagne se dirige vers une « décennie perdue, avec les décideurs politiques obligés d'adopter des budgets toujours plus durs ». George Osborne aura été prévenu.