L'euro tutoie le seuil de 1,50 dollar

La riposte à la baisse du dollar s'organise de façon trop dispersée pour intimider les vendeurs, qui sont une fois encore partis à l'assaut du seuil de 1,50 dollar pour 1 euro. Le billet vert a touché un nouveau point bas de quatorze mois hier, à 1,4994, qui a fait sortir du bois deux responsables hexagonaux, la France restant toujours à la pointe des récriminations. Le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a estimé qu'un dollar à 1,50 pour 1 euro était « un désastre » pour l'économie européenne, tandis que le ministre du Budget, Éric Woerth, déclarait que la baisse du dollar nuisait à la compétitivité de la zone euro. Des doléances plus opiniâtres en provenance de l'Eurogroupe, réuni à Luxembourg, n'ont guère eu plus d'écho. Son président, Jean-Claude Juncker, s'est ouvertement inquiété de l'impact de la vigueur de la monnaie unique sur la reprise économique encore embryonnaire de la zone euro. En marge de cette rencontre, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a répété que la volatilité excessive et les mouvements de change désordonnés étaient nuisibles à l'économie. Mais il y avait un grand absent, sans lequel cette riposte manque de crédibilité : l'Allemagne, tout affairée à finaliser la constitution du nouveau gouvernement Merkel. Un absent d'autant plus remarqué que le ministre de l'économie, Karl zu Guttenberg, avait déclaré la semaine dernière que la faiblesse du dollar vis-à-vis de l'euro « n'est pas un sujet de préoccupation » pour la compétitivité allemande.dénonciationL'Europe fait donc chou blanc dans sa tentative de renforcer, sans leur participation directe, le credo des États-Unis du dollar fort. Le Canada a eu plus de bonheur, mais pour combien de temps ? La banque centrale a maintenu son taux directeur à 0,25 % hier et laissé entendre que le loyer de l'argent resterait inchangé jusqu'en juin. La Banque du Canada a toutefois dénoncé la vigueur de son dollar, estimant qu'elle allait « plus que contrebalancer » les récents signes de reprise économique. Cette dénonciation a permis au « huard », le sobriquet du dollar canadien, de battre en retraite, alors qu'il menaçait de renouer avec la parité face au grand frère des États-Unis. Parité qu'il avait refranchie à l'automne 2007, pour la première fois depuis 1976, sans parvenir à s'y maintenir plus d'un semestre. Les spéculateurs restent cependant en embuscade, quasi assurés que la Banque du Canada relèvera ses taux avant la Fed, suivant l'exemple donné au début du mois par l'Australie, premier pays du G20 à avoir infléchi sa politique monétaire.
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