L'Espagne veut maîtriser la croissance de ses énergies renouvelables

Chantre par excellence, au sein de l'Union européenne, de la croissance à tous crins des énergies renouvelables, le gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero veut désormais en maîtriser le rythme de développement. La raison d'un tel revirement spectaculaire : le montant croissant des subventions versées pour compenser le fort surcoût des énergies « vertes » par rapport à leurs rivales « traditionnelles » (voir illustration). Des subventions à la charge du consommateur puisque leur financement est inclus dans la facture d'électricité de tout un chacun. Mais ce changement de cap gouvernemental ne se fait pas sans heurts. Il s'est traduit ces derniers jours par d'étonnantes palinodies des autorités, dont deux décisions totalement contradictoires annoncées en moins d'une semaine.Petit retour en arrière : en mai dernier, le gouvernement socialiste a adopté un système nouveau destiné à contrôler la croissance échevelée du secteur, la capacité installée des énergies renouvelables étant en effet passée de 6.600 à 21.900 mégawatts (MW) entre la fin de 2002 et la fin de 2008. Les candidats à la subvention devaient désormais obtenir du ministère de l'Industrie, dans un délai déterminé, leur inscription sur un « préregistre ». Aussitôt, ce fut la ruée pour être inclus à temps dans la liste des heureux élus : en quelques mois, les demandes d'inscription dans l'éolien atteignaient 11.000 MW (soit 70 % du total de la capacité installée des vingt dernières années !), et 4.400 MW dans le solaire thermique, la nouvelle grande mode en Espagne en matière d'énergie verte. Des chiffres considérables si l'on songe que la capacité totale installée du système électrique espagnol avoisine aujourd'hui les 90.000 MW.Face à cet emballement, les socialistes décident un premier changement de cap : ils votent, le 8 octobre, la suppression du préregistre et son remplacement par de nouvelles restrictions. C'est aussitôt le tollé au sein du secteur, plus particulièrement du côté du solaire thermique, une spécialité qui regroupe toutes les grandes sociétés espagnoles de l'énergie. Celles-ci ont pris conscience que le système du préregistre, en fin de compte, présentait l'avantage d'assurer une garantie d'accès automatique aux subventions. Une garantie qui, désormais, va disparaître.Au lobby des compagnies s'ajoute un sous-groupe du parti au pouvoir : 90 % des projets de solaire thermique sont en effet destinés à trois régions administrées par des gouvernements régionaux socialistes (l'Andalousie, l'Estrémadure et la Castille-Manche), bien décidés à profiter des retombées du pactole des subventions. Résultat : six jours à peine après avoir voté au Sénat la suppression du préregistre, les socialistes votent au Congrès son rétablissement de facto en? « supprimant la suppression » !ruée des compagniesLe gouvernement, pourtant, devait être prévenu, lui qui avait déjà fait face, il y a peu, à un problème semblable : en mai 2007, l'annonce d'un nouveau système plus restrictif pour la concession de subventions au secteur photovoltaïque s'était traduite par une ruée des compagnies désireuses de profiter du système encore en vigueur : entre septembre 2007 et septembre 2008, la capacité installée du photovoltaïque avait ainsi augmenté davantage en Espagne que dans tous les autres pays du monde réunis ! Ce qui avait déjà mis en évidence ce que le cafouillage de ces derniers jours est venu rappeler : en matière d'énergies vertes, ce sont bien les subventions, et elles seules, qui mènent la danse !
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.