La filière informatique se remet en piste sur le dossier médical personnel

Services informatiquesInstitué par une loi de 2004 qui prévoyait sa création en 2007, le dossier médical personnel (DMP) a vécu jusqu'à présent un véritable chemin de croix. Plusieurs appels d'offres ont été annulés ou interrompus et pléthore de rapports assassins écrits sur la conduite du projet. Mais le DMP, dont l'objectif est de stocker l'historique de soins des citoyens pour améliorer leur suivi médical, vient d'être relancé par la nouvelle direction de l'Asip-Santé (l'organisme chargé du chantier au ministère de la Santé). Les entreprises du secteur informatique ont jusqu'au 14 décembre pour envoyer leurs propositions concernant « la construction, la maintenance et l'exploitation d'un système national de gestion et d'hébergement des dossiers médicaux personnels », selon l'appel d'offres. Le système devra être dimensionné pour pouvoir héberger 5 millions de DMP dès son ouverture, prévue en septembre 2010.La philosophie retenue pour cet appel d'offres par l'Asip-Santé (ex-GIP-DMP), prudente et progressive, tranche avec l'approche plus maximaliste qui avait prévalu dans ses versions précédentes. « Il serait illusoire d'imaginer un produit complètement défini en amont et livré ?clés en main? », soulignait en 2008 le deuxième rapport sur le DMP piloté par Michel Gagneux, devenu depuis président de l'Asip-Santé. « Cet appel d'offres reflète une approche technologique de base, sans services à valeur ajoutée, résume un candidat potentiel. On veut créer une simple plate-forme d'hébergement des dossiers, un réceptacle technologique. On achète une capacité à faire, plus qu'une solution à faire. »dmp moins plantureuxCe DMP nouvelle version apparaît pour les industriels nettement moins plantureux que par le passé. Certaines estimations, plus ou moins étayées, qui avaient circulé lors des précédents appels d'offres tablaient sur un coût annuel de plusieurs centaines de millions d'euros. L'ampleur du projet avait suscité une forte affluence de candidats, parmi lesquels IBM, HP, Capgemini, Atos Origin, Microsoft, Accenture, France Télécome;lécom. Des mesures incitatives au succès du DMP existaient en outre pour ces acteurs, puisque « plus on déployait de dossiers, plus on gagnait d'argent », se rappelle l'un d'entre eux.Pour cet appel d'offres, Dominique Gerbod, directeur du pôle santé de Microsoft France, estime que le montant ne devrait pas dépasser? 15 millions d'euros par an, reflétant un ordre de grandeur de 2 euros par DMP. Jean-Yves Robin, directeur de l'Asip-Santé, refuse de commenter cette estimation, mais justifie l'approche adoptée. « Ce n'est pas une manne. On veut que l'infrastructure ne capte pas la valeur mais qu'elle crée des opportunités de création de valeur pour éditeurs de logiciels et SSII dans l'ensemble du patrimoine applicatif du secteur de santé. Je le revendique comme une action structurante sur un marché, on se place dans une logique d'urbanisation. » Pour exploiter au mieux les données contenues dans le DMP, il faudra améliorer des systèmes d'information des hôpitaux, les rendre plus communicants, les relier au système d'hébergement, ou ajouter de l'intelligence logicielle dans les outils informatiques des médecins.incertitudesAu sein du secteur informatique, cet appel d'offres ne semble pas susciter un excès d'enthousiasme. Mais plusieurs entreprises disent ne pas vouloir prendre le risque de rester à l'écart d'un dossier aussi emblématique. « On ne fera pas venir toutes les compétences du métier sur un dossier à 10-15 millions, indique un responsable d'un grand groupe. Mais tout le monde se demande quelle sera la phase suivante. En ne prenant pas le départ, le risque est d'être marginalisé pour la suite. » Les candidats doivent par ailleurs s'engager alors que le succès du DMP reste encore aujourd'hui hypothétique, son ouverture par les citoyens étant facultative. « À date, il n'est pas prévu de donner une impulsion nationale. La question est ouverte de savoir comment on créera un usage massif », observe un candidat potentiel. Malgré ces incertitudes, « on devrait quand même répondre », poursuit-il. n 2004 : une loi décide de la création du DMP pour juillet 2007.2006-2007 : Trois appels d'offres annulés ou interrompus. Fin 2007 : Roselyne Bachelot relance le DMP.Nov. 2009 : Nouvel appel d'offres. chrono
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