La Belgique forcément européenne

Paradoxale Belgique ! Au moment où elle donne à l'Europe son premier président, elle semble ne jamais s'être aussi peu appartenue. Le royaume du milieu a pratiquement perdu les leviers de contrôle de son économie. Dernier exemple : la prise de contrôle de sa première banque, Fortis, par BNP Paribas, venue après Petrofina passé chez Elf devenue Total, Tractebel (GDF) et SPE (EDF).Selon des données confidentielles de la Banque nationale de Belgique, le capital des 3.400 principales entreprises détenu par des sociétés étrangères a sextuplé de 1997 à 2007. Pendant ce temps, le capital brut des sociétés belges triplait. L'économie belge est plus que jamais dépendante du marché européen. Depuis cinquante ans, ses gouvernements ont joué la carte de l'intégration. En 2006, le patronat lui a vendu l'idée des « intérêts notionnels », des intérêts fictifs calculés sur le capital et déductibles de l'impôt sur les sociétés. La Belgique était le seul pays d'Europe, avec la Croatie, à « immuniser » le coût du capital. La mesure était efficace, mais coûteuse. Elle a été retaillée par Herman Van Rompuy le mois dernier.Un tel abandon aux forces extérieures provoquerait ailleurs une poussée nationaliste. Pas ici, où les tensions identitaires se fixent sur l'opposition Flamands-Francophones. Si l'avocat Mischaël Modrikamen, partisan d'une solution « belgo-belge » pour Fortis, veut « relever la Belgique » en lançant son parti le 26 novembre, ce n'est pas en la coupant de l'Europe. « Nous sommes trop petits pour ne pas jouer la carte européenne. Nous sommes Européens par nature », indiquait-il à « La Tribune ».Car si l'Europe dysfonctionne, la Belgique trinquera. Elle l'a appris quand les Allemands voulaient sacrifier les emplois d'Opel à Anvers pour sauver ceux de Rüsselheim. Le respect des règles du marché européen est donc une affaire de survie. De même, elle a besoin de l'euro pour financer à un coût raisonnable une dette publique qui a explosé avec la crise.F. A., à Bruxelle
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