Michel Barnier au marché intérieur

Préférer les opérationnels aux apparatchiks : au sortir du sommet européen, Nicolas Sarkozy ne masquait pas sa satisfaction. Plutôt que de s'attarder à commenter le choix du président européen et de la haute représentante pour les affaires étrangères, il a été directement au but en affirmant devant la presse : « La France aura un [poste de] commissaire européen avec des responsabilités importantes. Ce commissaire sera Michel Barnier. » D'entrée de jeu, le président avait mis en balance son onction pour ces nominations avec l'octroi à la France du poste de commissaire au marché intérieur et aux services financiers. Ce souhait affiché depuis plusieurs mois butait sur les réticences des Britanniques qui répugnaient à laisser les services financiers à un Français. Une scission avait même été envisagée entre le marché intérieur et les services financiers. La France ne cache pas vouloir rompre avec le libéralisme et l'inaction en matière de régulation, qui restent la marque de Charlie McCreevy, le titulaire du poste qui laissera sa place dans les prochains jours, d'ici début décembre. Ménageant la nouvelle souveraineté issue du traité de Lisbonne du président de la commission européenne, José Manuel Barroso, pour attribuer les portefeuilles, Nicolas Sarkozy lui a laissé le soin d'annoncer le résultat de ce marchandage de haute volée. Michel Barnier lui aussi respecte les formes en se taisant.portefeuille de poidsL'ancien ministre de l'Agriculture et membre de la Commission européenne de 1999 à 2004 reprend ce lourd portefeuille européen dans le sillage de la crise financière. Son programme de travail est chargé. Notamment sur le terrain de la régulation où il devra finaliser la directive sur les hedge funds et celles sur l'adéquation en fonds propres des banques. Michel Barnier arrive au moment de la révision, l'année prochaine, de la directive Marchés d'instruments financiers qui a fait voler en éclats les monopoles historiques des opérateurs boursiers européens. Auparavant, il devra définir les mesures d'exécution de la directive Solvability II sur les règles prudentielles des assureurs. Sur tous ces sujets, il sait qu'il devra composer avec la libérale britannique Sharon Bowles élue en juillet dernier à la tête de la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement. Christophe Tricaud
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