Auto-entrepreneurs  : un chiffre d'affaires limité

EntrepreneuriatIl n'en démord pas. Alain Griset, le président de l'Assemblée permanente des chambres de métiers (APCM), estime toujours que le régime fiscal de l'auto-entrepreneur constitue une concurrence déloyale pour les artisans. « Nos adhérents en ont assez de ne pas se battre à armes égales. Compte tenu des avantages sociaux dont disposent les auto-entrepreneurs, ils cassent les prix ! » explique-t-il. « Alors que nous aidons les artisans à faire grandir leur entreprise, le régime de l'auto-entrepreneur choisi par certains d'entre eux les condamne à végéter. » En clair, si ce dispositif peut effectivement donner la possibilité de « travailler plus pour gagner plus » en favorisant la constitution de revenus complémentaires au salaire, il permettrait aussi de blanchir une partie seulement d'activités exercées au noir, fragilisant ainsi les entreprises, notamment artisanales, les moins solides. Sur les 242.500 auto-entrepreneurs recensés par les Urssaf au cours des neuf premiers mois de l'année, 112.000 devaient faire leur déclaration de chiffre d'affaires au 31 octobre à l'Acoss, la caisse nationale des Urssaf. Seuls 41.000 l'ont fait. Et le résultat confirme les premiers chiffres dévoilés dans nos colonnes (« La Tribune » du 11 septembre), qui faisaient état d'un chiffre d'affaires mensuel à peine supérieur à 1.500 euros pour les auto-entrepreneurs franciliens. Certes, celui-ci progresse (voir tableau), mais il reste peu élevé. Au 31 octobre, le chiffre d'affaires national des auto-entrepreneurs s'élevait à 361 millions d'euros selon l'Acoss, ce qui représente un chiffre d'affaires mensuel moyen de 1.380 euros.loi en avrilPour rendre cette concurrence plus « loyale », Alain Griset compte sur l'introduction dans la loi de finances rectificative d'un amendement gouvernemental obligeant les prochains auto-entrepreneurs à s'inscrire au registre des métiers. Un amendement qui devait figurer dans la loi consulaire prévue cet automne mais qui, le calendrier législatif étant surchargé, ne sera présenté au Parlement qu'en avril. « Il serait dommage que cette concurrence tue dans l'?uf les vocations artisanales, de plus en plus nombreuses », ajoute Alain Griset. Entre 2008 et octobre 2009, le nombre d'entreprises du secteur est passé de 810.000 à 930.000. Celui des apprentis est passé de 88.000 à 92.000 sur la période. Une dynamique qui devrait profiter de plusieurs initiatives en cours, comme la création d'universités des métiers dans les régions, mais aussi à New York pour former les artisans américains et français ? de plus en plus de cadres et d'étudiants universitaires ? aux métiers d'art typiquement français, dans les domaines de l'alimentaire et du bâtiment par exemple. Fabien Piliu
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