Il signe une ligne de bijoux chez le joaillier Fred. Tour à ...

Vous signez cet hiver une ligne de pendentifs pour Fred, des petits personnages, les Fredy's, en or jaune, perle et laque noire. C'était une de vos envies : dessiner des bijoux ?La joaillerie ne m'a jamais particulièrement attiré si ce n'est à travers le plaisir d'offrir, en fonction de mes moyens, bien sûr. Je ne suis pas un designer. Je suis avant tout un dessinateur. Mais lorsque Natalie Bader, la présidente de Fred, m'a montré les dessins des Fredy's, la célèbre ligne de pendentifs réalisée au début des années 1980 par Fred Samuel, le créateur de la maison, je me suis pris au jeu. Pour Natalie, je devais être celui qui allait leur redonner vie? à ma manière. J'ai donc comme à mon habitude fait des petits dessins que son équipe a réalisés. Je vous avoue que j'étais un peu dubitatif. Mais quand j'ai découvert d'abord les cires, puis les figurines, j'ai été plus qu'agréablement surpris? au point de me les approprier. Comme des membres de ma famille. La femme se nomme Karen, comme mon épouse, je l'ai sous-titrée « Sexy Mamma ». Le fils, c'est le mien : Théo, « le Prince du skate ». Et la petite fille, c'est ma Lorelei, ma « Princesse manga ». Il y a aussi « Uncle Fred », le tonton golfeur. Maintenant je suis « accro » et avec la complicité de Natalie, j'ai la ferme intention d'agrandir la famille. D'où vous vient cette sorte de signature graphique reconnaissable entre mille ?Mes petits dessins sont obsessionnels. J'en fais en permanence. Je griffonne tout le temps ; quand je suis au téléphone, en réunion? [il montre son cahier de croquis qui ne le quitte jamais, Ndlr]? j'aime m'amuser en travaillant ! Je ne suis pas un industriel de l'image. Je produis peu. Par contre, ça n'est pas la première fois que je travaille en volume. Il y a vingt ans, j'avais déjà réalisé une série de mini-sculptures hyperréalistes au moyen d'un pantographe, à partir du moulage à taille réelle d'un individu. Quand je me suis séparé de Grace Jones, la mienne, la Grace épurée, « noire sur noir en noir », la tête au carré, l'alternative minimale à l'opposé des bimbos pailletées de l'époque, j'ai réalisé que pour faire évoluer mon théâtre intime, il allait falloir me créer de nouveaux personnages quitte à devoir les faire vivre à travers des films publicitaires. C'est Farida, l'incarnation de la princesse arabe de mes rêves, qui allait devenir mon nouveau personnage et la première égérie beur. Aujourd'hui c'est Karen, la « Queen of Séoul », la réincarnation de la reine Min, dernière reine de Corée, une sorte de Jeanne d'Arc asiatique qui m'inspire. Vous êtes un Pygmalion alors ?Edgar Morin m'a autrefois qualifié de « goudemalion ». Vous savez la différence ? C'est simple. Entrée côté cour, ma Galatée à moi abandonne la pose dès qu'elle en a marre et sort côté jardin. Je plaisante à moitié. J'ai toujours eu la volonté de sublimer les personnages qui m'inspirent ; plus ils sont proches, mieux je les apprécie et mieux je les interprète. Je suis malheureusement très vaniteux. Et si j'ai toujours cherché à imposer l'étrange beauté des femmes dont je suis tombé amoureux, c'est pour mieux essayer de faire évoluer les stéréotypes et inviter le public à regarder la beauté autrement. De quoi êtes-vous le plus fier ?Rien en particulier. Je me cherche, ou plutôt je cherche à bousculer certaines idées reçues, sur la beauté par exemple. Je prépare une rétrospective avec le musée des Arts décoratifs qui aura lieu en 2011 et qui pour le moment s'intitule « Tout Goude ». Mon univers n'a pas changé, il a tout simplement évolué. La mode est aussi pour vous un acte de transformation ?Oui, bien sûr, c'est du théâtre. C'est une formidable occasion de jouer avec la morphologie féminine. C'est aussi une façon de célébrer le caractère unique des femmes qui m'inspirent. J'ai toujours été attiré par l'originalité, ce qui est atypique, différent. J'aime surprendre autant qu'être surpris. Sans pour autant cultiver la contradiction ou la marginalité. Sinon on risque de tomber dans la facilité, l'excès gratuit, l'absurdité? c'est selon. Propos recueillis par Sophie Péters Jean-Paul Goude :« Des entrées côté cour, des sorties côté jardin »
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