2010 risque d'être une « année perdue » pour la construction de logements

Par latribune.fr  |   |  429  mots
La crise du logement dans l'Hexagone risque fort de s'aggraver. L'immobilier est sorti de la récession, mais il n'est pas sorti de la crise. La reprise laborieuse de l'économie, la progression molle des revenus des ménages, et la poursuite de la montée du chômage jusqu'à la mi-2010 ne vont pas manquer de freiner ou de retarder nombre de projets d'acquisition. Et ce d'autant que l'ajustement des prix de l'immobilier a été limité. Il est, en tout état de cause, sans commune mesure avec le renchérissement continu qu'ont connu les prix des logements entre 1998 et 2008.Le doublement du prêt à taux zéro (PTZ) pour l'achat d'un logement neuf et le dispositif de soutien à l'investissement locatif Scellier, mis en place début 2009, ont été maintenus et les taux d'intérêt, déterminants pour le financement des acquisitions immobilières, sont au plus bas. Mais une remontée des taux est probable au second semestre. « 2010 risque d'être une année perdue », craint Michel Mouillart, professeur à Paris X-Nanterre, qui table sur 365.000 mises en chantier de logements neufs (à raison de près de 90.000 logements locatifs sociaux, 90.000 logements construits par les promoteurs privés et 190.000 maisons individuelles), très loin des 463.000 dénombrées en 2007.prorogation du pass-foncierDans ce contexte, Marc Pigeon, le président de la Fédération des promoteurs constructeurs, a exhorté, jeudi, le gouvernement à continuer à soutenir les accédants à la propriété, ces derniers n'ayant représenté en 2009 que 35.000 ventes sur les quelque 105.000 réalisées par les promoteurs. Aussi, il a regretté que le doublement du PTZ dans le neuf, apanage des primo-accédants, ne soit prévu que jusqu'à la mi-2010 alors que la déduction des intérêts d'emprunt immobilier perdurera et bénéficiera parfois à l'achat dans l'ancien de « passoires thermiques ». Il a aussi demandé une prorogation, au-delà de 2010, du Pass-Foncier, qui permet aux accédants à la propriété d'alléger leurs charges de remboursement en bénéficiant d'un prêt à remboursement différé pour le paiement du terrain. Il a enfin déploré la suppression du cumul entre le Scellier et le prêt locatif social, qui permettait de drainer de l'épargne privée vers le logement social. À l'inverse, les parlementaires ont prévu des dérogations au dispositif Scellier aux termes desquelles certaines communes pourtant situées dans les zones les moins denses (C) pourront y être éligibles. Au risque de susciter de nouveaux problèmes de surproduction de logements neufs, quand bien même ils seront très localisés. Sophie Sanchez