Rythme et blues en Louisiane

Par latribune.fr  |   |  774  mots
Amateurs de la fête, bienvenue à La Nouvelle-Orléans ! La trêve de janvier n'a pas cour dans l'ancienne colonie de Louis XIV. Depuis l'Épiphanie, la seule Majesté respectée dans la cité louisianaise, c'est le roi Carnaval. Les festivités montent en puissance jusqu'au mardi gras, le 16 février : bals masqués et parades de chars sur un rythme naturellement d'enfer pour la cité « berceau du jazz ».Point n'est besoin d'attendre cette « quarantaine » pour festoyer à la « Cité du croissant ». Chaque soir, sur Canal Street, une dizaine de jeunes musiciens ? trompettes, saxophones, trombones ? jouent des airs à faire damner les saints. Nous sommes bien dans la ville où l'on donne « When the Saints go Marching In » pour les enterrements ! On ne compte pas les bars qui proposent des groupes de blues et de rock, tous aussi forts en décibels, et font de Bourbon Street l'artère la plus remuante de la ville, si ce n'est des États-Unis. À quelques pâtés de maison, sur Frenchmen ou Decatur, la musique acoustique et créatrice domine grâce en particulier à deux familles, les Neville (soul) et les Marsalis (jazz). Pas étonnant que le magazine « Travel + Leisure » ait décrété New Orleans ville américaine numéro un pour la vie nocturne. Pouvoir d'attractionLa vie ne commence pas pourtant à la tombée de la nuit. La principale métropole de la Louisiane a retrouvé quasiment son pouvoir d'attraction d'avant l'ouragan Katrina du 29 août 2005. Les touristes reviennent (8 millions l'an passé, deux fois plus qu'en 2006) pour le quartier français, bien sûr, avec ses maisons de style créole. Moins couru mais immanquable aussi, le Garden District, pour les amateurs de résidences néogothiques, néogrecques ou géorgiennes? et les fans de « people » qui photographient les demeures de Nicolas Cage ou Sandra Bullock.On vient aussi à La Nouvelle-Orléans pour sa, ou plutôt ses cuisine(s). La ville aux 1.033 restaurants échappe à la dictature du fast-food avec ses plats, souvent épicés ? le jambalaya (sorte de paella), le gumbo (soupe) ? à base de produits locaux, crevettes, écrevisses, crabes, homards ou huîtres. C'est le royaume du « seafood » et des chefs étoilés. Ouvrir son restaurant, tel est d'ailleurs le rêve de Tiana, la jeune serveuse noire, héroïne du dernier film des studios Disney « la Princesse et la Grenouille » (sur les écrans le 27 janvier) qui se déroule dans la Louisiane des années 1920.Mais pour saisir toute la culture louisianaise, le voyageur doit quitter La Nouvelle-Orléans. Un petit périple de deux ou trois jours pour remonter deux siècles en arrière. Chez les Cajuns, la langue n'a guère changé, un français aux accents canadiens, depuis l'arrivée en 1764 de leurs ancêtres, chassés d'Acadie (l'actuelle Nouvelle-Écosse) par les Anglais. Dans les bayous aussi, petits cours d'eau marécageux, la nature échappe au temps, avec ses alligators, ses aigrettes et ses cyprès chauves? si l'on oublie les installations d'exploitation de gaz. Vestiges des plantationsPlus au nord, à proximité de Baton Rouge, la production de pétrole n'empêche pas la survie de domaines majestueux, témoins de l'époque de l'économie des plantations. Mieux, le mécénat a souvent permis de réhabiliter ces résidences du XIXe siècle. On admire les mobiliers d'origine, on découvre les portraits des maîtres d'alors ? les Français Marmillion à San Francisco ou Roman à Oak Alley. On retrouve même la vie quotidienne d'une plantation créole, « Laura », qui à son apogée employait 195 personnes dont 175 esclaves noirs.Les vestiges d'hier, y compris les fantômes (fierté locale), assurent les recettes d'aujourd'hui. Nottoway, « la maison blanche », offre treize chambres dont une suite nuptiale avec piscine privée. Maison de style grec avec colonnes, Houmas, a été totalement redécorée (ne pas manquer le Gauguin) sous l'impulsion de Kevin Kelly, son flamboyant propriétaire depuis 2003 qui emploie aussi dix jardiniers. Cet as du marketing a aussi ouvert deux restaurants, une salle pour conventions, et reconstitué le bassin de nymphéas du jardin de Monet à Giverny. Impassible, le Mississippi coule à proximité, habitué à ces aventuriers, depuis un certain Cavelier de La Salle?Jean-Louis LemarchandY allerA/R à partir de 691 euros sur Delta.Y séjourner? À la Nouvelle-Orléans, château Bourbon et Sheraton. à partir de 150 dollars la nuit. ?Dans le pays cajun, chez l'habitant, compter 70 dollars pour chambre, dîner et petit déjeuner. www.cajunbedandbreakfast.com. ?Dans les plantations, à partir de 200 dollars. www.nottoway.comY sortirTrois clubs de jazz : Snug Harbor, Tipitina ; Sonesta.En savoir plusOffice de tourisme de Louisiane. Tél. : 01.44.77.88.05, www.louisianatravel.com, www.neworleanscvb.com