L'aigle, le coq et l'autruche

Une petite musique a conquis Paris ces dernières semaines. La France réussit mieux qu'elle ne le croit. Son modèle social a amorti la crise, ses déficits publics se sont creusés mais moins que d'autres, le pouvoir d'achat des salariés continue d'y croître. Sur moyenne période même, et contrairement aux idées reçues, sa croissance égale celle de l'Allemagne. Enfin, la vigueur de notre démographie nous promettrait des futurs enchanteurs quand le reste de l'Europe serait tiré vers le bas. Bref, tout bien considéré, Paris ferait mieux que Berlin. Jour après jour, pourtant, les chiffres disent le contraire. La reprise ? L'économie française devrait croître de 1,4 % cette année et de 1,7 % l'an prochain, quand celle d'outre-Rhin afficherait + 2,6 % et + 1,8 % selon l'OFCE. Chômage, exportations, investissements, consommation des ménages... en France, tous les voyants sont à la peine. Outre-Rhin, ils sont au vert. Les derniers chiffres publiés par l'institut IfW de Kiel en apportent une éclatante illustration. Les comptes sociaux allemands (maladie, chômage, retraite, dépendance...) qui étaient en déficit de 2,4 milliards d'euros en 2010, seront excédentaires de 4,5 milliards cette année. De près de 6, l'an prochain ! En France, où l'on partait d'un trou dix fois supérieur, il faudra attendre 2014 pour qu'ils soient à nouveau « proches de l'équilibre », si l'on veut bien croire Bercy. Même sur le point spécifique des retraites, l'Allemagne, le pays le plus vieux d'Europe, fait mieux que nous. Le système y sera excédentaire de 1,2 milliard cette année, et de 4,2 milliards l'an prochain, quand notre régime devra attendre... 2018 pour revenir à l'équilibre. Les Français voient dans le coq gaulois leur emblème. L'aigle allemand nous enseigne que c'est l'autruche ! [email protected]
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