La fin du rêve japonais d'exporter sa technologie nucléaire

« On ne peut pas dire que Fukushima soit la meilleure opération de relations publiques possible pour le nucléaire japonais », persifle un ingénieur français de l'industrie en poste à Tokyo. Le Japon rêvait de voir le nucléaire devenir un des relais de ses exploits d'exportateur dans l'automobile et l'électronique. Il pouvait mettre en avant son image de très haute technicité et d'ultrasécurité. Mais les premiers succès remportés au Vietnam et en Turquie, où Tepco, opérateur de Fukushima, jouait un rôle d'investisseur déterminant, risquent de ne pas se concrétiser et en tout cas d'être sans lendemain. L'importance du Japon dans l'industrie nucléaire mondiale est réelle : « Si on regarde le paysage nucléaire aujourd'hui, il y a Toshiba-Westinghouse, Hitachi-GE, MHI (Mitsubishi), Areva, les russes et les sud-coréens. Bref, la moitié des acteurs mondiaux sont japonais ! » souligne un expert. Le Japon a même été un des pionniers du nucléaire. MHI a très tôt produit des réacteurs à eau pressurisée en se fondant sur la technologie de l'américain Westinghouse (également à l'origine de la filière nucléaire française), tandis qu'Hitachi et Toshiba, eux, empruntaient la technologie General Electric de réacteurs à eau bouillante (ceux de Fukushima). L'absence de ressources du Japon explique en partie le choix historique du nucléaire : 80 % des besoins en énergie primaire du Japon sont importés. Et 90 % de son pétrole provient du Moyen-Orient. En 1980, le nucléaire représentait 17 % de la génération d'électricité au Japon. Aujourd'hui, 30 %. En 2017, selon la fédération des électriciens japonais, il devrait atteindre 42 %. Un objectif aujourd'hui politiquement impossible. « Nous ne fermerons pas de centrales. Mais à moyen terme, il semble impossible de faire accepter à une municipalité la construction d'une centrale sur ses terres », explique Tomohiro Kawai, qui suit l'industrie nucléaire pour le quotidien « Nikkei ». R. A., à Tokyo
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