L'euro profite pleinement du « phénomène dollar »

Un « phénomène dollar ». C'est ainsi que le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet a qualifié jeudi l'envolée de l'euro ainsi que d'autres devises majeures face au billet vert. Quelques minutes après que la monnaie unique ait grimpé jusqu'à 1,4649 dollar, son plus haut niveau depuis le 15 décembre 2009, le président de la banque centrale a tenu à relativiser, sur BFM Business, le brusque rebond de l'euro face au billet vert. « C'est plutôt un phénomène dollar qu'un phénomène euro que nous observons en ce moment », a-t-il souligné, ajoutant qu'un dollar fort est « dans l'intérêt de l'ensemble de la communauté internationale ».Après le sursaut d'aversion pour le risque suscité lundi par la mise sous surveillance négative par Standard & Poor's de la notation « AAA » des États-Unis, qui avait fait retombé l'euro sous 1,42 dollar pour la première fois depuis le 5 avril, les anticipations de hausse de taux sont redevenues le principal déterminant des taux de change. Et le dollar américain, affublé depuis novembre 2008 d'un taux directeur compris entre 0 % et 0,25 %, est naturellement la tête de turc du marché. Pis, depuis l'accélération début mars des anticipations de hausse de taux de la BCE et le premier tour de vis de 1 % à 1,25 % intervenu le 7 avril, la monnaie unique a engrangé plus de 5 % en ignorant superbement les tensions toujours extrêmes sur les marchés obligataires européens (voir ci-dessous).Jeudi vers 18 heures, la monnaie unique a lâché du lest et évoluait aux alentours de 1,458 dollar dans le sillage de l'intervention de Jean-Claude Trichet, qui a répété que la BCE n'avait « pas décidé d'une série d'augmentations » de taux. Mais selon la Société Généralecute; Générale, l'euro pourrait rapidement tester le seuil de 1,51 dollar s'il venait à dépasser 1,47 dollar, allégeant ainsi la facture pétrolière au prix d'une moindre compétitivité. Alors que la Fed ne devrait procéder à aucune hausse de taux avant la fin de l'année, contre au moins deux resserrements pour la BCE, à 1,75 %, le différentiel de taux pourrait donc rapprocher l'euro du record de 1,6038 dollar atteint le 15 juin 2008, quand l'écart de rémunération entre les deux banques centrales atteignait 2 %.Signe de défianceMalmené, le dollar a vu ce jeudi son indice pondéré chuter à 73,73, son plus bas niveau depuis août 2008. Alors que la Réserve d'Australie a été en octobre 2009 la première banque centrale du G20 à relever ses taux, aujourd'hui à 4,75 %, le dollar australien a atteint ce jeudi 1,0775 dollar, son plus bas niveau depuis qu'il a commencé à flotter librement en 1983. Le dollar canadien est lui à son plus haut niveau depuis novembre 2007, tandis que la couronne suédoise est à son plus haut depuis août 2008. Signe de défiance par rapport à la politique de planche à billet de la Fed, qui devrait achever ses 600 milliards de dollars d'achats d'obligations d'État d'ici fin juin, le franc suisse a battu son record du 17 mars en atteignant 0,8781 franc pour un dollar, son plus haut niveau depuis au moins 1971.
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